Le livre des illusions - Paul Auster
J’ai dévoré et adoré ce roman dans lequel Auster emboîte des histoires qui se réfléchissent les unes les autres, comme autant de miroirs. Des motifs récurrents lancent des ponts d’une histoire à l’autre: un pistolet qui sépare ou réunit deux amants, des œuvres détruites par le feu… Et de David à Hector, de Hector à Martin, puis de Martin à David la boucle se referme et renvoie les mêmes questions : qu’est-ce que la création artistique ? Peut-on vivre et créer ? Peut-on créer et aimer ? Où commence l’illusion, où finit la réalité ?. La fin ne peut soulever qu’une question : David a-t-il inventé l’histoire d’Hector et de Frieda ? Comme Martin, s’est-il créé une amoureuse de toute pièce en la personne d’Alma ? Car rien ne semble plus illusoire que ce personnage d’Hector, qui se crée un passé, puis invente des histoires de cinéma, puis s’invente une vie qui n’est qu’illusion.
Jamais Auster ne m’a paru plus shakespearien, à preuve cet extrait : « La vie était un de ces rêves nés de la fièvre, il s’en apercevait, et la réalité un univers sans fondement, un monde de chimères et d’hallucinations, où tout ce que l’on imaginait se réalisait. » A rapprocher de Shakespeare : « La vie est un conte, dit par idiot, pleine de bruit et fureur et ne voulant rien dire » (Macbeth)
Traduit de l'américain par Christine Le Boeuf
Actes Sud, 2003. - 383 p.