La famille Middlestein - Jami Attenberg

Publié le par Papillon

"La nourriture offrait la meilleure cachette qui soit."

 

 

Dans la famille Middlestein, tout tourne autour de la mère, une femme intelligente, énergique et autoritaire, mais obsédée par la nourriture. Malgré son diabète, malgré son obésité qui met sa vie en péril, Edie ne peut arrêter de manger. Manger est tout à la fois un plaisir, une consolation, une frénésie. Donc toute sa famille s'inquiète pour elle sans jamais vraiment verbaliser le problème. Et toute la famille souffre de l'appétit de la mère, comme si cette ogresse les empêchait de vivre. Le fils Benny perd ses cheveux, fume des pétards pour penser à autre chose et laisse sa femme Rachelle monter au créneau. La fille Robin, une ancienne grosse, ne sait plus trop si elle aime sa mère ou si elle la déteste, et noie ses doutes dans l'alcool. Quant au père, lassé d'une femme qui régente sa vie et n'en fait qu'à sa tête, il finit par prendre la tangente pour se trouver une compagne plus à son goût avant qu'il ne soit trop tard.

 

"Les aliments sont faits d'amour. Manger, c'est aimer. Aimer, c'est manger. Et si un gros morceau de pain peut apaiser les pleurs d'une enfant, en quoi est-ce un problème ?"

 

Nous suivons la vie d'Edie depuis ses cinq ans (Edie, 28 kilos) jusqu'à la vieille femme malade (Edie, 150 kilos), en passant par l'adolescente déjà trop grosse (Edie, 92 kilos) et la jeune femme déprimée par la mort de sa mère (Edie, 72 kilos) ou la jeune mère qui semble étouffer dans sa famille (Edie, 112 kilos). Plus Edie grossit, plus sa santé se dégrade, moins elle semble s'en préoccuper, et plus la famille va mal. Et même si tout est raconté sur un ton vaguement burlesque, on ne peut que se sentir extrêmement mal à l'aise face à cette femme qui est réduite à son poids et semble se suicider en direct. La nourriture est à la fois son bonheur et sa pénitence. 

 

"Manger l'avait toujours rendue heureuse, mais ces derniers temps, elle était si triste, si fatiguée..."

 

Et on finit par se demander si c'est la nourriture qui est en train de tuer Edie ou la quantité de non dits qui occupent tout l'espace entre les membres de la famille. Une histoire qui se voudrait drôle mais que j'ai trouvée tragique, et qui montre tout le rapport ambigu que nous avons à la nourriture, qui est sensée combler tous nos vides existentiels.

 

C'est Cuné qui m'a donné envie.

 

Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Karine Reignier-Guerre,

Les Escales, 2014 / 10-18, 2015. - 296 p.

 

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A
A voir. S'il arrive en bibliothèque.
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P
Pas un indispensable, à mon avis...
Y
Rien que le sujet me met déjà mal à l'aise :-) à voir si l'occasion se présente mais je le lirais surement comme une tragédie moi aussi :-)
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P
Je pense qu'il doir être disponible en bibliothèque si tu veux jeter un oeil ;-)
J
Je crois bien que ça pourrait me plaire. En poche en plus, je ne prendrais pas beaucoup de risques.
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P
Tu peux essayer, c'est un livre drôle a priori ;-)
E
A la fois ça m'attire, et à la fois je me dis qu'il y a de grandes chances que j'abandonne en route (d'ailleurs, je l'avais complètement zappé quand Cuné l'a présenté). Pour autant, je le note quand même au cas où...
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P
L'histoire de cette famille est plaisante, on rit souvent à leurs déboires, mais le sujet met mal à l'aise. Je suis allée au bout parce que ça se lit super bien.
K
Un abandon de lecture... ^_^
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P
Aïe ! ça arrive.
C
En effet ce roman m'avait laissé une impression plus tragique que drôle mais j'avais apprécié cette histoire familiale.
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P
Oui, la famille est rigolote et la mère un vrai personnage, c'est ce qui sauve le roman, mais j'avais mal pour elle quand même.
A
Je ne crois pas que je me sentirais à l'aise non plus dans ce roman, je préfère passer.
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P
Le sujet est courageux mais traité bizarrement.