Une part de ciel – Claudie Gallay
« Les Treets, c’était meilleur avant. – Tout était meilleur avant. »
Un matin d’hiver, Carole reçoit un drôle de cadeau par la poste : une petite boule à neige. Cet envoi est un signe, elle le sait, de son père dont les départs impromptus et les retours inopinés ont marqué son enfance. Ce signe signifie : je reviens. Alors Carole fait sa valise et part pour Val-les-seuls, petit village de montagne où elle est née et a passé une partie de son enfance. Elle y retrouve son frère et sa sœur, et tous trois commencent à attendre le père qu’ils n’ont pas vu depuis des années.
Carole est séparée de son mari depuis peu, ses filles sont en Australie, elle est entre deux boulots : c’est une femme en suspens. Ces quelques semaines passées loin de son quotidien vont être l’occasion de se repencher sur le passé, réparer les blessures de l’enfance et repenser à l’avenir.
C’était ma première rencontre avec Claudie Gallay et j’ai vraiment beaucoup aimé cette plume pudique et sensible qui met en lumière des gens banals et leur vie tranquille. Car on pourrait penser qu’il ne se passe pas grand-chose dans cette histoire. Et pourtant, si : plein de petites choses. Pour tuer le temps, Carole travaille à une traduction d’une biographie de Christo, passe du temps avec sa sœur Gaby qui peine à joindre les deux bouts et élève une fille qui n’est pas à elle, donne un coup de main à Philippe qui rénove un vieil herbier, un coup de main encore à la Baronne qui tient un chenil, passe du temps avec le vieux Sam qui lui offre le thé, se laisse troubler par un vieux copain d’enfance.
Tous ces gens pourraient paraître banals mais ils ont tous en eux « une part de ciel », un petit quelque chose en plus : Diego qui fait des puzzles dont il ne sait pas ce qu’ils représentent, Gaby et sa vision décalée du monde, Philippe qui rêve de reconstituer le chemin d’Hannibal à travers les Alpes, Jean qui passe ses nuits sur une dameuse et observe les étoiles. Et pendant que le père n’en finit plus de pas arriver, des querelles de famille s’apaisent, des choses se disent, des regrets s’envolent.
Un très beau roman qui exalte les petits moments du quotidien et les gens ordinaires, que Carole va elle-même sublimer par une série de photos à la fois banales et extraordinaires.
Jérôme a aimé, Sylire et Delphine aussi.
Actes Sud, 2013. – 448 p.