Sukkwan Island - David Vann

Ce roman est l'histoire d'une descente aux enfers et je suis incapable de dire si je l'ai aimé ou pas, tant j'en ai détesté le héros principal qui représente à peu près tout ce que je déteste : un homme lâche, veule, infidèle, immature, irresponsable, sans consistance, qui passe son temps à s'apitoyer sur son sort, sans s'intéresser le moins du monde à un gamin qu'il a entraîné dans une expérience plus que limite. Le père a rêvé de cette aventure dans la nature sauvage, comme le début d'une nouvelle vie, susceptible de mettre fin à une longue suite d'échecs. Mais sur cette île perdue, il se trouve confronté à lui-même et à sa solitude. On se demande pourquoi il a emmené son fils avec lui, sinon pour fuir cette solitude qu'il ne supporte pas.
"Au lieu de se détendre et d'apprendre à connaître son fils, il s'était uniquement préoccupé de leur survie. Et quand l'heure était venue d'arrêter de stocker de la nourriture, c'est à ce moment qu'il avait été submergé de terreur ; il ne savait pas comment passer l'hiver."
Ce livre m'a bouleversée, remuée, choquée. Rien que d'y penser, j'en ai encore des palpitations. J'ai eu envie de voir ce père écartelé en place publique et dépecé morceau par morceau avec un opinel. Un roman extrêmement fort qui ne laisse en tout cas pas indifférent, et qui m'a littéralement coupé le souffle. Je pense que toute sa force réside dans le style très factuel de David Vann qui ne nous épargne rien.
Un grand merci à Delphine.
Le billet de Stephie, qui vous mènera vers plein d'autres (là, tout de suite, je n'ai pas le courage de faire les liens, j'ai besoin d'un verre de whisky pour me remettre !)
Traduit de l'américain par Laura Derajinski.
Gallmeister, 2010. - 192 p.