Le chardonneret - Donna Tartt
« Tout ce que j’aime ou dont je me soucie n’est qu’illusion, et cependant, à mes yeux en tout cas, tout ce qui vaut la peine d’être vécu se résume à ce charme-là. »
A treize ans, Theo tombe simultanément amoureux d’une jeune fille aux cheveux rouges et d’un tableau. Le même jour, il perd sa mère dans un drame qui ravage sa vie d’adolescent new-yorkais et dont il ne se remettra jamais. Toute sa vie, dès lors, ne sera plus qu’errance ; une errance noyée d’alcool et de drogues, toujours sur le fil du désespoir, toujours à la lisière du bien et du mal, du rêve et de la réalité, de la culpabilité et du remords ; une errance qui n’est pas exempte de belles rencontres : Hobie, le restaurateur de meubles anciens, secret et élégant, Boris, le copain violent et tendre, mi-ange, mi-démon, Pippa, amour idéalisé et inaccessible ; une errance qui tourne autour d’un point fixe : le tableau du Chardonneret.
« Toute ma vie d’adulte, j’avais été nourri en privé par cette grande joie cachée et sauvage : la conviction que ma vie entière tenait en équilibre sur un secret qui pouvait la faire exploser à n’importe quel moment. »
Je suis tombée positivement amoureuse de ce personnage profondément malheureux et j’ai adoré ce roman riche en rebondissements, riche en atmosphères diverses (un appartement bourgeois new-yorkais, une maison glaciale à Las Vegas, l’agitation des rues de New-York, le charme désuet et mortifère d’un hôtel d’Amsterdam), riche en thématiques variées : l’art comme nourriture spirituelle, la drogue comme fuite hors d’un réel insoutenable, l’amitié comme rempart contre la violence du monde, l’amour comme ultime illusion.
Un roman érudit et pessimiste, qui n’évite pas quelques longueurs et dont l’écriture envoutante tombe parfois dans le surréalisme, mais qui emporte le lecteur dans une tourmente de sensations violentes.
Cathulu et Keisha ont adoré, Cuné et Clara ont détesté.
Traduit de l’américain par Edith Soonckindt.
Plon, coll. Feux croisés, 2014. – 787 p.