Dans le grand cercle du monde - Joseph Boyden

Publié le par Papillon

 

« Mes rêves me disent que la fin du monde que je connais est proche. » 


boyden4.jpg

 

Au 17e siècle, au moment où les Français y établissent une colonie, l'est du Canada est un vaste territoire que se partagent de nombreuses tribus indiennes, parmi lesquelles les Hurons et les Iroquois, qui se haïssent et se mènent une guerre sans pitié. Les Hurons sont à la fois des cultivateurs et des commerçants. Ils cultivent les "trois sœurs" : maïs, courge et haricot, puis ils échangent une partie de leur récolte avec les tribus voisines contre des fourrures, qu'ils troquent ensuite auprès des Français ("le Peuple de fer") contre des produits manufacturés. Pour entretenir de bonnes relations avec les Français, ils acceptent, mais à contrecœur, d'accueillir dans leur village des pères jésuites qui ne poursuivent qu'une ambition : les évangéliser.

 

Trois voix tissent le récit à tour de rôle : Oiseau, un guerrier huron, le père Christophe, que les Indiens surnomment "le Corbeau", et Chute de neige, une jeune iroquoise qu'Oiseau a adoptée. Car les Hurons pratiquent une coutume singulière : après avoir massacré  leurs ennemis, ils en adoptent les enfants. Chute de neige a donc pour vocation de remplacer les filles d'Oiseau, assassinées par ses ennemis... Avec ces trois personnages, le lecteur partage la vie d'un village huron : la culture, la guerre, les échanges commerciaux, les rites et les traditions. Le Corbeau essaie d'amener ceux qu'il appelle "les Sauvages" à se convertir au christianisme, ce qu'Oiseau observe avec la plus grande méfiance. A travers ces deux hommes, ce sont deux traditions qui s'affrontent : religion contre chamanisme, fierté contre mépris, courage contre ruse. Mais tous les deux feront alliance quand épidémies, famines et défaites s'abattront sur le village.

 

Ce roman est passionnant dans ce qu'il nous apprend de la vie et des coutumes des Hurons, notamment cette étonnante "Guerre du deuil" qui consiste à torturer son ennemi avec le plus grand raffinement et le plus longtemps possible pour se consoler de la perte des êtres chers qu'il vous a enlevés. Sidérant aussi de constater avec quelle arrogance les jésuites ont débarqué avec leur foi, leur savoir et leurs certitudes, persuadés de détenir la vérité face à ces indigènes qui menaient une vie qui leur était si totalement étrangère. Mais malgré toutes les qualités de ce roman qui se lit d'une traite, je n'ai pas vraiment réussi à m'attacher aux personnages tant la froideur (pour ne pas dire la pâleur) du style tient à distance toute émotion. Je n'ai rien retrouvé de tout ce qui m'avait enchantée dans les deux précédents romans de Joseph Boyden.

 

Lu aussi par ClaraKathel 


Titre original : The Orenda.

Traduit de l'anglais (Canada) par Michel Lederer.

Albin Michel, coll. Terres d'Amériques, 2014. - 608 p.


Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
A
<br /> Je l'ai noté, mais le côté froideur me fait réfléchir. De toute façon, il n'y a pas urgence, j'attendrai qu'il arrive en bibli.<br />
Répondre
P
<br /> <br /> Je crois que j'avais trop d'attente avec ce roman... Mais ça reste un livre intéressant à lire.<br /> <br /> <br /> <br />
K
<br /> C'est étonnant, cela fait plusieurs commentaires qui mentionnent cette froideur... Je ne l'ai pas ressenti comme ça, pas du tout, je me suis attachée juste ce qu'il faut aux personnages.<br />
Répondre
P
<br /> <br /> J'ai trouvé le style très plat et les personnages très peu caractérisés sur le plan psychologique. Du coup, ça resemble plus à un documentaire qu'à un roman. Alors que j'avais vraiment hâte de le<br /> lire, vu les souvenirs que j'avais du Chemin des âmes.<br /> <br /> <br /> <br />
I
<br /> Aïe... Ta conclusion me refroidit, sur ce coup-là. <br /> Déjà que je rétropédale depuis que j'ai réalisé en le recevant quel pavé (en VO !) c'était...<br />
Répondre
P
<br /> <br /> Ce fut une grosse déception, à ce niveau, même si le livre est plaisant, intéressant sur le plan historique et se lit agréablement. Mais quand je lis partout (dans la presse anglophone) que c'est<br /> un chef d'oeuvre, je m'étonne !<br /> <br /> <br /> <br />