L'homme du verger - Amanda Coplin
« Quelles connaissances s’offraient à elle ? Quels secrets recélait le monde ? Et lesquels lui seraient révélés par l’intermédiaire de la terre et lesquels par le truchement des mots ? »
Talmadge a passé toute sa vie dans un verger. Quand il y est arrivé avec sa mère et sa sœur à l’âge de neuf ans, ce n’était qu’une vallée à l’orée d’un canyon avec une cabane et quatre abricotiers. Resté seul après la mort de sa mère et la disparition de sa sœur, Talmadge en a fait un vrai verger avec des hectares d’abricotiers, de pommiers et de pruniers. C’est un homme taciturne et tranquille, qui vit au rythme de la nature et des saisons, soignant ses arbres, cueillant ses fruits. Une fois par semaine, il se rend à la ville voisine pour y vendre ses fruits et bavarde avec son amie Caroline Middey. Un jour débarque dans son verger deux adolescentes farouches et crasseuses, à la fois craintives et effrontées. Elles sont enceintes et ont fui l’enfer. Il va les apprivoiser comme on apprivoise un animal sauvage : en les nourrissant tout en faisant mine de ne leur porter aucune attention. Elles vont bouleverser sa vie pour toujours.
Dans ce premier roman parfaitement maîtrisé, Amanda Coplin invente un nouveau genre : le western contemplatif. Car c’est bien d’un western qu’il s’agit, qui se déroule à la toute fin du XIXe siècle quelque part dans le Nord-Ouest des Etats-Unis. On y trouve des chevaux et des indiens, des petites villes poussiéreuses et rustiques, des rodéos et même un shérif. D’un côté il y a le verger, sorte de havre de paix protecteur, de l’autre il y a la monde avec ses règles, ses lois et ses hors la loi, sa violence et sa noirceur. Et l’auteur oppose sans cesse la beauté et la sérénité de la nature à la brutalité du monde. C’est un roman d’une densité d’autant plus incroyable qu’il est écrit d’une plume minimaliste. Comme est minimaliste et pourtant si attachant le personnage de Talmadge qui parle peu, peine à exprimer une émotion ou à prendre une décision, aime en silence, mais peut se révéler aussi inflexible que l’acier.
Un grand coup de cœur !
Recommandé par Cuné, approuvé par Dominique et Clara.
Traduit de l’américain par Laurence Kiefé.
Editions Christian Bourgois, 2014. – 546 p.