Adam et Cassandra – Barbara Pym
Un petit village du Shropshire. Cassandra est une jolie jeune femme que tout le monde s’accorde à trouver parfaite. Elle est marié à Adam, obscur poète et écrivain, qu’elle dorlote parce qu’il adore jouer les génies tourmentés. Il ne se passe pas grand-chose à Up Callow. On va boire le thé chez le pasteur ou jouer au bridge chez Mr Gay, vieux garçon qui n’a jamais réussi à trouver la femme (riche) de ses rêves. Le moindre incident, la plus petite nouveauté déclenchent curiosités et bavardages. Aussi quand un étranger s’installe au village devient-il l’objet de toutes les conversations. Il s’agit d’un beau hongrois, célibataire de surcroit, qui attise l’appétit de Miss Gay, demoiselle de trente ans, qui cherche désespérément un mari. Mais le bel étranger se met à faire une cour assidue à Cassandra. Celle-ci n’est pas intéressée, mais aimerait bien déclencher la jalousie de son mari qu’elle trouve un peu trop tiède, un peu trop sûr de sa fidélité…
Ce roman (écrit en 1936, mais publié de façon posthume cinquante ans plus tard) est l’un des plus réussis de Barbara Pym : délicieusement railleur et très, très drôle. L’auteure y analyse très finement les relations sociales au sein d’une petite communauté fermée : convoitises, jalousies, ragots, et nécessité absolue de respecter les convenances. Elle se moque sans vergogne de tous ses personnages et de leurs quêtes désespérées : respectabilité pour les uns, amour pour les autres, compagnie pour d’autres encore. A travers le personnage d’Adam, intellectuel de pacotille qui cite Woodworth à tous bouts de champs, Barbara Pym se rit d’une certaine forme de littérature1. Et elle raille beaucoup aussi le tempérament anglais, auquel elle oppose la joyeuse spontanéité du visiteur hongrois.
Le tout donne un délicieux bonbon anglais, bourré d’humour et riche en personnages si parfaitement british qu’on ne saurait les détester.
1 Adam écrit un roman où un jardinier découvre le sens de la vie juste en observant son jardin, et Barbara Pym le ridiculise tellement que je me suis demandée si ce n’était pas une critique déguisée de Virginia Woolf.
L’avis de Plaisirs à cultiver
Traduit de l’anglais par François Dupuigrenet Desroussilles.
Editions Rivages Poche, 1990 (1e éd. 1987). – 236 p.