Retour en terre - Jim Harrison
Agé de quarante-cinq ans, Donald apprend qu’il est atteint d’une maladie dégénérative. Se voir diminuer de jour en jour est difficile à accepter pour cet homme qui est une force de la nature, qui a passé sa vie à construire des maisons et dont les loisirs favoris sont la pêche et les ballades en forêt. Pour se préparer et laisser une trace à ses enfants, il entreprend d’abord de dicter à sa femme l’histoire de sa famille, issue d’un croisement entre une indienne Anishinabe et d’un immigrant islandais. Très attaché à ses racines indiennes, Donald se prépare aussi spirituellement à partir. Il veut pouvoir choisir le moment de son départ et le lieu de son « retour en terre ». Il sera aidé dans son entreprise par son neveu K, son beau-frère David et son épouse Cynthia.
C’est de la mort dont il s’agit dans ce roman, d’une mort qui n’est pas vécue comme un terminus sinistre, mais comme une partie intégrante de la vie, comme sa prolongation naturelle. Le récit alterne quatre voix pour aborder toutes les phases de cette épreuve : comment se préparer à mourir et comment surmonter le décès d’un être cher. Tour à tour, K, David et Cynthia nous dévoilent leurs sentiments face à la perte, au deuil et à l’absence. Mais ce roman très émouvant est avant tout un hymne à la nature (et à la péninsule du Nord Michigan, chère au cœur de Jim Harrison), à l’amitié, à l’amour et à la vie. Sans doute un des romans les plus personnels de Jim Harrison.
« Dans l’ombre de la dune nous avons repéré un massif de fraises sauvages et nous en avons mangé quelques-unes malgré les grains de sable qui y restaient collés. A quatre pattes nous avons escaladé la pente raide où le sable glissant entravait notre progression, et nous avons enfin jeté un coup d’œil de l’autre côté. A une centaine de mètres en contrebas, un gros ours agitait la tête entre un buisson de pois de mer et un massif de fraises sauvages, où il piochait très vite, comme s’il désirait frénétiquement se nourrir. Alors les corbeaux qui volaient au-dessus de lui l’ont sans doute averti, car il s’est dressé sur ses pattes arrière et il a émis un grondement sourd. Je ais que Clare et moi avons pensé la même chose : Est-ce lui ? Est-ce lui ? Est-ce Donald qui nous salue, qui nous adresse son ultime adieu ? L’ours nous a regardées et Clare a serré ma main. Puis il a franchi la colline en trottinant, ainsi que nous devons tous le faire. »
Déjà lu par : Bernard - Orchidée - Cathe - Wictoria - Estampilles - Kathel
Traduit de l’américain par (l’excellent) Brice Matthieussent.
10/18, 2009. - 324 p.