Le secret de Jasper Jones - Craig Silvey
Rentrée littéraire 2010
Corrigan, petite ville minière d’Australie, dans les années soixante. Par une chaude nuit d’été, deux adolescents découvrent le corps d’une camarade de classe pendu à un eucalyptus. Son visage tuméfié laisse supposer qu’il s’agit davantage d’un meurtre que d’un suicide. L’un de ces deux ados, Jasper Jones, est le mauvais garçon du village. Fils d’une aborigène et d’un alcoolique, il est chapardeur et insolent, on lui attribue toutes les bêtises et on interdit aux garçons de le fréquenter. De peur d’être accusé du meurtre, il décide de dissimuler le corps. Avec l’aide de son copain Charlie, il le jette dans un étang voisin, se promettant de découvrir le vraie coupable.
Voici une histoire qui commençait très bien avec la promesse de l’élucidation d’un crime par deux adolescents en vacances. Malheureusement le soufflé retombe très vite. Jasper Jones a déjà une conviction fermement établie sur le coupable. Et l’on constate que lui qui craint tellement d’être victime de préjugés, en est bourré. Quant à Charlie, gamin timide et peu courageux, il est rongé par la culpabilité et la trouille que la police découvre son geste. Il passe son temps à nous répéter qu’il a « un poids sur l’estomac » et que « ses jambes vont le lâcher », et trompe l’ennuie des vacances en jouant au cricket avec son ami Jeffrey, dévorant la bibliothèque de son père et essayant de séduire Eliza. Bref, il ne se passe pas grand-chose jusqu’à ce que « celui-qui-sait-tout-parce-qu’-il-a-tout-vu » ne fasse des révélations dans un épilogue assez peu crédible.
Entretemps, l’auteur, qui multiplie les allusions et les références à Mark Twain, Truman Capote et Harper Lee, nous aura dévoilé tous les secrets plus ou moins avouables d’une petite ville de province : adultère, inceste, racisme et jalousie, sans jamais réussir à captiver son lecteur.
Traduit de l’anglais (Australie) par Marie Boudewyn.
Calmann-Lévy, 2010. – 379 p.