Seul le silence - R.J. Ellory
Joseph Vaughan a grandi à Augusta Falls, petite ville rurale de Géorgie. Quand le roman débute, en 1939, il a douze ans et vient de perdre son père, et la vie n’est pas très facile pour lui et sa mère. Heureusement il y a les amis fidèles : Reilly Hawkins, célibataire endurci, et Gunther Kruger, fermier allemand. Il y a aussi Mademoiselle Webber, l’institutrice, qui incite Joseph à écrire ses propres histoires. Mais le monde de Joseph bascule quand Alice Van Horne, la petite fille dont il est secrètement amoureux, est retrouvée assassinée. Elle a été battue, violée et étranglée. Six mois plus tard, une autre petite fille meurt dans les mêmes circonstances, sans que la police n’ait la moindre piste, le moindre indice. Puis une autre, et encore une autre. Jusqu’à ce que Joseph décidé de créer, avec ses copains d’école, un groupe de surveillance, les « Anges gardiens » qui se promet que rien n’arrivera plus aux petites filles du village. Pendant ce temps, la guerre fait rage en Europe et un ressentiment anti-allemand se propage à Augusta Falls où l’on aimerait voir en Kruger un coupable tout désigné…
Ce roman à l’écriture envoutante est avant tout l’histoire d’une obsession et d’un combat contre un meurtrier invisible et pourtant omniprésent qui va faire de la vie de Joseph un enfer. Et en même temps, il y a cette atmosphère du Sud des Etats-Unis, ces personnages attachants, l’amour plus ou moins légitime, la haine, l’espoir, la folie, l’attente, le mensonge qui font que ce roman est bien plus qu’un thriller. Car l’on suit la vie de Joseph sur plus de trente ans et que tous les personnages sont terriblement denses et réels. C’est un de ces bons gros romans comme je les aime, que l’on ne peut plus lâcher quand on l’a commencé et qui nous manque tellement quand on l’a terminé.
« Chaque grande invention est née parce que des gens étaient capables d’imaginer des choses. Vous devez entretenir et cultiver votre capacité à imaginer. Vous devez laisser votre tête s’emplir des images de choses auxquelles vous pensez et vous les décrire à vous-même. Vous devez faire semblant… »
Traduit de l’américain par Fabrice Pointeau.
Le Livre de poche, 2009. – 602 p.