Les autres - Alice Ferney

Publié le par Papillon

Ce dernier roman d’Alice Ferney fut ma première grosse déception de la rentrée littéraire 2006. Pourtant le thème en est passionnant et correspond à l’une de mes préoccupations personnelles depuis longtemps : quelle image de moi ont les autres ? cette image coïncide-t-elle avec ma propre image de moi-même ? suis-je vraiment ce que je parais être ? ce que je suis est-il conforme à ce que je crois être ?

Le soir de ses vingt ans, Théo réunit amis et famille autour de lui. Son frère Niels lui offre un bien curieux jeu de société : à travers une série de questions très personnelles chacun doit donner son avis sur les autres. Malgré les réticences de certains, une partie s’engage pendant que la grand-mère est en train de mourir dans l’une des chambres de la maison.
 

Le roman est composé de trois parties qui racontent trois fois la même histoire, d’un point de vue différent. Dans « Choses pensées », nous entrons dans le crâne de chacun des personnages : nous découvrons leur histoire, leurs liens, leurs préoccupations, leur inquiétude par rapport au jeu. Dans « Choses dites », nous assistons à la soirée, comme à une pièce de théâtre. Enfin, dans « Choses rapportées », l’histoire est racontée de façon plus traditionnelle par un narrateur omniscient.

La première partie nous permet de faire connaissance avec les personnages et donc de vivre pleinement la seconde partie, qui est le cœur du roman : le jeu et les discussions qu’il occasionne. Mais si beaucoup de choses très intelligentes sont dites, le tout reste très caricatural, très exagéré, car à aucun moment je n’ai réussi à adhérer à la réalité de ce jeu. Toute cette histoire n’est que pure construction intellectuelle. Et la dernière partie m’a particulièrement ennuyée : revivre une troisième fois cette soirée n’apporte strictement rien au roman, et j’ai eu un mal fou à terminer.


Alice Ferney écrit très bien. Trop bien. Son style parfaitement ciselé ne laisse aucune place à l’émotion et aucune possibilité d’identification aux personnages. Je suis donc restée complètement à distance de cette histoire.


Actes Sud, 2006. – 531 p.


La critique très enthousiaste de Clochette.

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V
<br /> <br /> Pour ma part, j'ai bien aimé. Autant le style de l'auteur que l'histoire. C'est par moments un peu redondant mais ça passe. Cependant, j'ai regretté comme toi le manque d'émotions.<br /> <br /> <br /> <br />
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P
<br /> <br /> pour moi, c'est un pur exercice de style...<br /> <br /> <br /> <br />
L
<br /> <br /> J'avais apprécié cette lecture et j'avais trouvé que le découpage en trois, avec trois visions différentes était original et bien pensé. Toutefois, j'avais trouvé que la dernière partie<br /> n'apportait pas grand chose de nouveau. Mais sinon, ça m'avait bien plu et j'avais relevé plusieurs citations que j'avais trouvées intéressantes.<br /> <br /> <br /> <br />
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P
<br /> <br /> Le découpage est original en soi, mais au final c'est raté et redondnat !<br /> <br /> <br /> <br />
E
<br /> <br /> Je viens d'abandonner à la 150ème page, une construction intellectuelle je suis d'accord, un exercice de style un peu glaçant, cette auteur m'a complètement laissée sur "le bord du chemin"...<br /> <br /> <br /> <br />
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P
<br /> Le succès qu'a eu ce livre à sa sortie m'a toujours étonnée... Il est effectivement très froid.<br /> <br /> <br />
L
Je viens de découvrir ton blog grâce à une autre lectrice qui avait un avis différent du tien sur "les Autres". C'est un livre qui me tente beaucoup et j'ai beaucoup apprécié ta critique, qui contrebalance les avis positifs lus jusqu'à présent. J'ai lu le mois dernier "l'élégance des veuves" et ce livre m'a beaucoup plu. J'ai notamment adoré le style. L'histoire m'avait beaucoup touchée, peut-être parce qu'elle évoquait certaines choses personnelles pour moi. Je ne m'étonne pas trop de te voir dire qu'Alice Ferney intellectualise trop son dernier roman, quite à rendre ses jeunes adultes moins crédibles. Je lirai ce livre dès sa sortie en poche, en tout cas tu m'as intriguée !
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P
Alice Ferney écrit très bien, on ne peut pas lui enlever ça... J'avais beaucoup aimé Grâce et dénuement. Quant à celui-ci, les avis divergent pas mal... A mon avis, soit on adore, soit, comme moi, on reste à distance...
P
Oh... Je viens de finir ce livre, je l'ai dévoré ce week end (tant pis pour le boulot !) et... je l'ai adoré ! Cette construction en trois temps m'a semblé interessante et pas réellement répétitive, tout s'éclaire successivement. Certes, quelques commentaires pontifiants sont à regretter, mais dans l'ensemble je l'ai trouvé très chouette.
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P
C'est surtout la troisième partie qui m'a parue redondante...Mais je suis d'acord avec toi : cette construction en trois mouvements était intéressante.
J
ça alors!! ça t'a ennuyé??? moi j'ai vraiment beaucoup aimé, c'est vrai qu'à certains moments les personnages sont si parfaits qu'ils en sont presque carricaturaux mais j'ai trouvé que c'était une réelle prouesse d'écrivain... et pour moi l'émotion était intacte.
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P
La première partie m'a intéressée parce que beaucoup de choses intéressantes sont dites sur un sujet qui me passionne, la seconde m'a déçue comme un exercice de style et la troisième partie m'a ennuyée parce que je connaissais l'histoire et que ça n'apportait rien. C'est très bien écrit, mais je m'attendais à plus de vie, de passion !
C
Moi, j'ai adoré, j'ai eu un véritable coup de coeur pour ce livre que j'ai lu d'une traite et qui est chroniqué sur mon blog. Au contraire de toi Papillon que d'émotions j'ai ressenti à sa lecture. Comme quoi...
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P
D'ailleurs je crois bien que c'est ta critique enthousiaste qui m'avait donnée envie de le lire ;-) Je vais rajouter un lien vers ta critique.
S
Ce n'est pas la première critique mitigée que je lis sur ce livre. Pour ce qui est d'Alice Ferney, je pense qu'il serait dommage de ne pas tenter un autre livre. Grâce et dénuement, par exemple.
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P
Je suis vraiment désolée de vous décevoir ! Mais si le manque d'émotion ne vous gêne pas, vous pouvez toujours lelire comme un document sociologique...Jos : j'ai lu La conversation amoureuse et je n'ai pas du tout aimé...Sylire : oui, Grâce et dénuement vaut vraiment le coup parce que justement on y trouve beaucoup d'humanité, de tendresse, de chaleur humaine, tout ce qui manque à Les autres.
M
Je suis bien d'accord avec toi!Moi qui avait adoré "la guerre" et "grâce et dénuement", j'ai pas aimé '"les autres".Comme tu le dis bien, on a du mal à finir le livreon n'adhère pas au jeuon se lasse d'avoir trois fois la même histoire.Espérons que son prochain roman sera meilleur.Je te conseille de lire "eldorado" de Laurent Gaudé si tu veux te consoler avec un excellent livreMarjolaine
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F
Bon ben je crois que j'attendrais... ;-)
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