Les saisons de la solitude - Joseph Boyden
Rentrée littéraire 2009
Will Bird appartient à la communauté des Indiens Cree, qui vivent au bord de la Baie James, au nord du Canada, au pays de l'hiver, de la neige et des ours polaires. A la suite d'une agression, Will se trouve dans le coma. L'une de ses nièces, Annie, vient le voir tous les jours et pour le ramener vers les vivants, elle lui parle et lui raconte les derniers évènements de sa vie. Et, du fond de sa nuit, Will lui aussi raconte.
C'est donc un roman à deux voix qui raconte une double histoire, et nous parle des Indiens du Canada. Will, ancien pilote, a connu bien des drames dans sa vie. Il avait réussi à trouver un peu de sérénité et une vie tranquille entre ses amis, la chasse et la trappe, jusqu'au jour où sa nièce Suzanne a décidé de partir vers le Sud : la ville, la chaleur, la modernité. Et les ennuis ont commencé pour la famille Bird. Pour fuir la peur et les menaces, Will a décidé de partir vers le Nord, la nature, la vie rude et sauvage. Annie, elle, est partie vers le Sud, à la recherche de sa soeur : Toronto, Montréal, New York. Elle a failli se perdre dans une vie factice : alcool, drogue, argent, fêtes et photos.
Ces deux fuites en miroir se rejoignent puisqu'elles ont pour point central le personnage de Suzanne. A travers ces deux errances, Joseph Boyden oppose deux mondes : Nord et Sud, nature et culture, vie sauvage et vie citadine, vie naturelle et vie sophistiquée, vie rude et vie facile, tradition et modernité. Ce roman est aussi un prétexte à nous raconter le monde des Indiens du Canada, cantonnés dans leurs réserves, vivant grâce à l'aide sociale, ces Indiens que l'on a obligés à fréquenter l'école et à parler la langue des Blancs, dans une tentative de les éloigner de leur culture. Du coup, c'est difficile de trouver sa place dans ce monde déconstruit. Annie n'accepte pas le don qu'elle a reçu et Suzanne court après le mirage aux alouettes.
J'ai passionnément aimé toutes les pages consacrées à la vie sauvage et traditionnelle des Indiens, dont on découvre à quel point elle est difficile et ingrate. Et même si j'ai un peu moins aimé les chapitres se déroulant à New York, que j'ai trouvé longs et répétitifs, je trouve que c'est un très beau roman avec des personnages forts, complexes et attachants, qui nous dévoile un monde méconnu.
Joelle a aimé aussi.
Traduit de l'anglais (Canada) par Michel Lederer.
Albin Michel, 2009. - 507 p.