Si loin de vous - Nina Revoyr
Pendant les années vingt, Jun Nakayama fut l’un des acteurs les plus célèbres d’Hollywood, aux heures glorieuses du cinéma muet. Quarante ans plus tard, il n’est plus qu’un paisible retraité menant une vie retirée quand il est contacté par Nick Bellinger, un jeune journaliste désireux de faire un article sur les stars du muet. D’abord agacé par cette intrusion dans sa retraite, Jun finit par accepter. Bellinger se révèle être également scénariste et propose à Jun de tourner dans son prochain film. Secrètement flatté par cette proposition, l’ancien acteur est très désireux d’accepter de retourner sur les plateaux, mais il craint que les feux des projecteurs ne ravivent certaines pages un peu troubles de sa carrière, brutalement interrompue en 1922, après le meurtre de son metteur en scène, meurtre jamais élucidé. Pour la première fois depuis quarante ans, Jun se penche sur son passé…
Ce roman, qui alterne le présent de 1964 et le passé du début du siècle, fait revivre l’âge d’or du cinéma muet et les débuts d’Hollywood, un temps où le cinéma était une activité encore artisanale, portée par des fous et des passionnés, reposant davantage sur le bricolage et l’inventivité que sur la technique. Nous suivons Jun depuis sa ferme natale de la province de Nagano, au Japon, jusqu’à l’université du Wisconsin, où il a l’opportunité de faire ses études, puis dans un théâtre de Little Tokyo, à Los Angeles, où il fait ses débuts d’acteur. Viendront ensuite ses débuts au cinéma, la célébrité, les films qui s’enchaînent, les femmes qui se jettent dans ses bras, les folles fêtes de Hollywood. Autour de l’acteur gravitent trois femmes, trois actrices, à la fois belles et talentueuses qui joueront un grand rôle dans sa carrière et dans la tragédie qui y mettra un terme. Et heureusement que l’auteur parvient à maintenir un certain suspense sur ce drame, parce que j’ai trouvé la narration un peu languissante.
Si le contexte historique est passionnant, tout comme le contexte raciste dans lequel évolue Jun Narayama, le personnage m’est apparu de plus en plus antipathique au fil des pages. Très imbu de sa personne et convaincu de son immense talent, il ne s’implique à aucun moment contre les lois racistes à l’encontre des Japonais de Californie, convaincu que l’immense vedette qu’il est n’est pas concernée. Après le drame de 1922, il tourne la page sur sa carrière et abandonne complètement les trois femmes de sa vie à leur sort. A ce titre, le titre du roman est particulièrement juste tant le personnage semble dénué de toute humanité. Heureusement à la fin on le voit faire un mea culpa un peu tardif (et bien facile…) sur ces années de sa vie.
Au final, un roman agréable à lire pour les vacances mais qui ne me laissera pas un souvenir impérissable…
Clarabel a adoré, Cathulu a aimé, Amanda est plus mitigée.
Traduit de l’américain par Bruno Boudard.
Phébus, 2009. – 376 p.