Le convoi de l'eau - Akira Yoshimura
Un convoi d’hommes se dirige vers une vallée isolée du Japon. Ils ont pour mission de commencer les travaux de terrassement nécessaires à la construction d’un barrage. C’est une vallée sombre et étroite, noyée de brouillard et où court un torrent. Sur le flanc de cette vallée, ils découvrent un village perdu: quelques hautes maisons de bois aux toits couverts d’une épaisse mousse verte. Il est évident que ce village vit à l’écart de la civilisation depuis des années. Et les villageois vont se tenir à l’écart des ouvriers. Chaque communauté observe l’autre avec méfiance et curiosité.
Le narrateur est l’un de ces ouvriers. Il sort de prison où il a purgé une peine de prison pour le meurtre de sa femme infidèle. Il a accepté ce travail dont il sait qu’il va être dur pour mener une vie tranquille loin de sa ville et de ses tentations. Il a peur de la violence qu’il sent en lui. C’est un homme en quête de rédemption. Il va la trouver dans ce village d’une manière tout à fait inattendue.
C’est un texte d’une beauté glaciale. Dès le début l’auteur installe une atmosphère mystérieuse et humide. C’est ce que j’aime chez cet auteur : ce mélange de poésie, de mystère et de fantastique. Il pose ses phrases avec précision comme on dessine un chemin avec des pierres, et écrit un texte intemporel. Ces deux communautés figurent le combat de la modernité et de la tradition. La modernité avec ses machines et ses explosifs va transformer le monde de la tradition qui s’accroche à ses ancêtres et à ses rituels. La modernité va l’emporter mais la tradition se retire avec beaucoup de dignité.
Ys est moins enthousiaste que moi.
Traduit du japonais par Yutaka Makino.
Actes Sud, 2009. – 174 p.
----------------------------------------
D'autres romans d'Akira Yoshimura :
- La jeune fille suppliciée sur une étagère,
- Naufrages.