La marche de Mina - Yoko Ogawa
Il semble que depuis La formule préférée du professeur, Yoko Ogawa ait rompu aves son univers fantastique. Elle n'a pas pour autant renoncé à ses thèmes favoris : la mémoire, les collections, l'extravagance.
Tomoko a douze ans et doit passer une année scolaire dans la famille de sa tante pendant que sa mère reprend ses études (elle y est obligée par la mort brutale du père). La tante et sa famille vivent dans une immense maison de dix-sept pièces, coincée entre mer et montagne et dontl'immense parc fut autrefois un jardin zoologique. La fortune de la famile provient de la fabrique d'eau minérale que dirige l'oncle et notamment sur la production d'une boisson quasi magique : le Fressy. Cet univers si différent de ce qu'elle connait fait à Tomoko l'impression d'une conte de fées. Tout y semble extraordinnaire : l'oncle est un très bel homme qui roule en Mercedes, la tante est élégante et secrète, la grand-mère Rosa est originaire d'Allemagne, la cousine Mina a pour animal domestique un hippopotame nain sur lequel elle se rend à l'école tous les matins et Madame Yoneda gère la maison d'une main de fer... Pourtant Tomoko découvre vite que la réalité est plus trouble : l'oncle disparait régulièrement, la tante boit et fume en cachette, la cousine Mina souffre de crises d'asthme qui la conduisent régulièrement à l'hopital.
Chacun, en outre, collectionne quelque chose : Mina colectionne les boites d'allumettes illustrées à partir desquelles elle écrit de petites histoires poétiques, sa mère collectionne les coquilles qu'elle cherche dans les journaux et les revues, la grand-mère collectionne les produits de beauté venus de son pays, l'oncle colectionne les objets à réparer et Madame Yoneda passe son temps à remplir des grilles de concours.
Grâce à cette famille, Tomoko va pourtant ouvrir son esprit. Mina lui fait découvrir les livres en l'envoyant chaque semaine à la bibliothèque, puis lui fait partager son amour du volley. Grand-mère Rosa lui fait découvrir l'étranger et évoque son histoire à l'occasion des jeux de Munich. Madame Yoneda lui ouvre un monde de saveurs. Quant à l'oncle séducteur, il entrouve la porte vers la transgression et les passions adultes.
Au cours de cette année, Tomoko passe de l'enfance à l'adolescence et on devine bien qu'elle ne sera plus jamais la même.
Et c'est un très joli roman que nous offre Yoko Ogawa, une fois de plus. On y retrouve sa plume délicate et son style simplissime et on y rencontre une petite héroïne que l'on oubliera pas de sitôt :
"Si l'on voulait expliquer en quelques mots qui était Mina, on pouvait dire que c'était une petite fille asthmatique, qui aimait les livres qui allait à dos d'hippopotame. Mais si l'on voulait prouver qu'il s'agissait bien de Mina et de personne d'autre, il fallait dire que c'était une petite fille capable de frotter joliment les allumettes."
L'avis de Chiffonnette.
Traduit du japonais par Rose-Marie Makino-Fayolle.
Actes Sud, 2008. - 318 p.
Tomoko a douze ans et doit passer une année scolaire dans la famille de sa tante pendant que sa mère reprend ses études (elle y est obligée par la mort brutale du père). La tante et sa famille vivent dans une immense maison de dix-sept pièces, coincée entre mer et montagne et dontl'immense parc fut autrefois un jardin zoologique. La fortune de la famile provient de la fabrique d'eau minérale que dirige l'oncle et notamment sur la production d'une boisson quasi magique : le Fressy. Cet univers si différent de ce qu'elle connait fait à Tomoko l'impression d'une conte de fées. Tout y semble extraordinnaire : l'oncle est un très bel homme qui roule en Mercedes, la tante est élégante et secrète, la grand-mère Rosa est originaire d'Allemagne, la cousine Mina a pour animal domestique un hippopotame nain sur lequel elle se rend à l'école tous les matins et Madame Yoneda gère la maison d'une main de fer... Pourtant Tomoko découvre vite que la réalité est plus trouble : l'oncle disparait régulièrement, la tante boit et fume en cachette, la cousine Mina souffre de crises d'asthme qui la conduisent régulièrement à l'hopital.
Chacun, en outre, collectionne quelque chose : Mina colectionne les boites d'allumettes illustrées à partir desquelles elle écrit de petites histoires poétiques, sa mère collectionne les coquilles qu'elle cherche dans les journaux et les revues, la grand-mère collectionne les produits de beauté venus de son pays, l'oncle colectionne les objets à réparer et Madame Yoneda passe son temps à remplir des grilles de concours.
Grâce à cette famille, Tomoko va pourtant ouvrir son esprit. Mina lui fait découvrir les livres en l'envoyant chaque semaine à la bibliothèque, puis lui fait partager son amour du volley. Grand-mère Rosa lui fait découvrir l'étranger et évoque son histoire à l'occasion des jeux de Munich. Madame Yoneda lui ouvre un monde de saveurs. Quant à l'oncle séducteur, il entrouve la porte vers la transgression et les passions adultes.
Au cours de cette année, Tomoko passe de l'enfance à l'adolescence et on devine bien qu'elle ne sera plus jamais la même.
Et c'est un très joli roman que nous offre Yoko Ogawa, une fois de plus. On y retrouve sa plume délicate et son style simplissime et on y rencontre une petite héroïne que l'on oubliera pas de sitôt :
"Si l'on voulait expliquer en quelques mots qui était Mina, on pouvait dire que c'était une petite fille asthmatique, qui aimait les livres qui allait à dos d'hippopotame. Mais si l'on voulait prouver qu'il s'agissait bien de Mina et de personne d'autre, il fallait dire que c'était une petite fille capable de frotter joliment les allumettes."
L'avis de Chiffonnette.
Traduit du japonais par Rose-Marie Makino-Fayolle.
Actes Sud, 2008. - 318 p.