Du malheur d'avoir de l'esprit - Alexandre Griboïedov

Publié le par Papillon

chaillot.jpgAlexandre Griboïedov (1790-1829) n'a écrit qu'une seule pièce qu'il n'a jamais vue jouer de son vivant, à cause de la censure. Pourtant, à partir de 1860, Du malheur d'avoir de l'esprit est devenue une pièce culte du théâtre russe. Drôle de personnage que ce Griboïedov : dandy mondain et fin lettré, libéral et adepte des "idées nouvelles", il est exilé une première fois au fin fond du Caucase pour cause de duel et une seconde fois en Perse pour raison politique. C'est d'ailleurs à Téhéran qu'il trouvera une mort prématurée lors d'une révolte des chiites intégristes (déjà...). Il semble qu'il se soit lui-même mis en scène dans sa pièce sous les traits de Tchatski.

Après trois ans de voyage à l'étranger, Tchatski rentre à Moscou et se précipite chez son amie d'enfance, Sofia, fille du haut fonctionnaire Famoussov. Il y est accueilli très froidement. Durant une interminable journée, il va voir tous ses espoirs d'avenir anéantis. Sur le plan amoureux, d'abord, puisqu'en son absence Sofia lui a préféré l'insipide Moltchaline, l'obséquieux, hypocrite et ambitieux secrétaire de son père. Sur le plan social, ensuite.
Tchatski est un homme intelligent et spirituel mais caustique et ironique, voire méchant. Il prône la liberté et rêve d'une Russie nouvelle, il refuse donc toute compromission. Face à lui, s'agite une société corrompue, cancanière, veule et servile, prête à toutes les humiliatons pour conserver sa place et l'illusion du pouvoir. Avec sa franchise, Tchatski va rapidement se mettre à dos tous ces notables qui le feront passer pour fou, pour éviter d'avoir à se regarder dans le miroir qu'il leur tend...

Je m'attendais à une pièce pétillante, vive et caustique, à l'image du texte, brillantissime. Mais je me suis ennuyée... Le décor est élégant mais le plateau immense et les comédiens y sont complètement perdus.

tchatski.jpg
(c) Brigitte Enguerand

La mise en scène est impeccable mais glaciale. La distribution est fade, à l'exception de Chloé Réjon, dans le rôle de la jolie soubrette. Roland Bertin (Famoussov) mange son texte et Ninon Brétécher (Sofia) manque de passion. Mais heureusement, il y a Philippe Torréton ! Avec son charisme, sa présence, son impeccable diction et son air sombre il est impeccable dans ce rôle de misanthrope russe et vaut, à lui seul, le déplacement.

Théâtre National de Chaillot,
Mise en scène Jean-Louis Benoit,

Traduction André Markowicz,

Avec Philippe Torreton, Roland Bertin, Jean-Paul Farré, Ninon Brétécher, Chloé Réjon, Louis-Do de Lencquesaing.

Le texte de la pièce est disponible chez Babel/Actes Sud.

Publié dans Théâtre - Opéra

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S
on se croise alors par hasard.
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