Avril à Paris (2)
Avril à Paris eut des allures estivales. Jupes courtes et sandalettes. J'ai beaucoup marché dans des parcs, pique-niqué dans des parcs et lu dans des parcs. Et de temps en temps, me suis quand même enfermée dans une salle obscure..
Côté ciné
A trois on y va de Jérôme Bonnell : Charlotte aime Micha, avec qui elle vient d'acheter une maison à Lille, mais qu'elle trompe néanmoins depuis quelques mois avec Mélodie. Et Mélodie ne va pas rader à succomber aussi au charme de Micha, se lançant dans une double liaison acrobatique. Un joli film porté par la grâce, qui renouvèle le thème du trio amoureux, en mêlant comédie romantique, vaudeville, comédie de mœurs. Beaucoup aimé malgré une fin un peu conventionnelle…
La maison au toit rouge de Yoji Yamada : Dans le japon des années 30, Taki quitte sa campagne pour devenir bonne à Tokyo chez Tokiko et Masaki, couple moderne parent d'un petit garçon. Tokiko est très attirée par un nouveau collègue de son mari, sensible et délicat, amoureux comme elle de poésie et de musique classique. Taki, qui n'est pas non plus insensible au charme du jeune homme, est témoin de cette romance qu'elle raconte soixante ans plus tard à son petit neveu. Dommage que ce film soit si long, si lent, si conventionnel. Il nous montre pourtant deux faces du Japon (tradition et modernité, impérialisme et pacifisme, passé et présent) et raconte une double histoire d'amour en ne jouant que sur les non-dit, les silences, les regards tout en revenant sur un des pires moments de l'histoire du Japon (Nankin, Pearl Harbor, seconde guerre mondiale).
Every Thing will be fine de Wim Wenders : un jeune écrivain en panne d'inspiration s'installe dans une cabane de pêche pour écrire. Survient un grave accident. Mort d'un enfant. Bien que non responsable, Tomas est rongé par la culpabilité. Ce tragique évènement va bouleverser va vie, mais aussi sa plume. Il devient un auteur à succès. Douze ans plus tard, le gamin impliqué dans l'accident, devenu adolescent, vient demander des comptes. L'écrivain est-il un prédateur qui se nourrit du malheur d'autrui ? C'est une des questions que pose Wim Wenders dans ce film, mais il perd beaucoup de temps avec les états d'âme de son héros. Le film est magnifique, très intense, limite oppressant, mais je me suis quand même un peu ennuyée.
Côté théâtre
La Révolte de Villiers de l'Isle-Adam (Mise en scène de Marc Paquien, au Théâtre des Bouffes du Nord) : Quand la femme d'un grand bourgeois obsédé par l'argent lui annonce qu'elle le quitte, ce sont deux visions du monde qui s'affrontent. Lui : matérialiste., pragmatique, conservateur et terre à terre. Elle : idéaliste, rêveuse, sensible, éprise de beauté et de poésie. Un affrontement d'une grande modernité et un texte de toute beauté.
Malheureusement quelque chose ne fonctionne pas dans cette pièce. Anouk Grinberg y est prodigieusement agaçante : tantôt agitée comme une marionnette cassée, tantôt inaudible. Dommage !
Et la fin est d'une grande cruauté. Matérialisme : 1 - Idéalisme : 0.
Vanishing point de Marc Lainé (Théâtre de Chaillot) : un spectacle magnifique, mélange de théâtre, de vidéo et de musique, qui s'articule autour de la question "Peut-on être à deux endroits en même temps ?" Un long road trip à travers le Grand Nord québécois, à travers des forêts, des lacs gelés et des aubes bleutées, à travers le rêve, la poésie et un doigt de folie, jusqu'au bout de l'amour et de la douleur d'aimer, et au-delà de soi-même. J'ai été totalement transportée par cette histoire qui pique les yeux et distille son mystère jusqu'à la fin : que veut Tom, où est Jo, jusqu'où ira Suzanne ?
Côté expo
J'ai dû renoncer (provisoirement) à voir l'exposition Bonnard (trop de monde…) et je me suis consolée en allant à Beaubourg, prendre un bain d'art contemporain avec la collection "une histoire" qui expose des œuvres datant des trente dernières années. L'accrochage est super intéressant parce qu'il est organisé par thèmes : l'artiste comme archiviste, comme historien, comme documentariste,… ; et mélange les genres : vidéos, installations, photos, architecture, design, musique. Etonnant. Et j'ai pu constater que j'avais de grosses lacunes ;-)
(à suivre…)
Mais en attendant, je pars pour une semaine de randonnée en Italie. Il faudra donc attendre un peu pour avoir mon avis sur Les Producteurs d'Antoine Bello, le 3e épisode du CFR.