Une odeur de gingembre - Oswald Wyrd
Ce livre m'a été prété par une amie juste avant mon départ : elle partait pour le Japon, moi pour la Chine, deux pays qui sont justement au coeur de ce roman.
En 1903, la jeune Mary Mackenzie quitte son Ecosse natale pour aller épouser en Chine un jeune homme rencontré quelques semaines plus tôt, et qui se trouve être attaché militaire à l'ambassade britannique de Pékin. Elle embarque sur l'un de ces navires qui sillone les mers chargé de britanniques se rendant dans l'une ou l'autre de leurs nombreuses colonies. Elle est accompagnée par un chaperon, en la personne d'une femme de diplomate, qui ne va pas tarder à être choquée par la liberté de ton ton de la jeune fille, et son manque de respect pour les conventions sociales.
Quelques semaines plus tard, Mary débarque à Pékin, qui se remet tout juste de la guerre des Boxers, au cours de laquelle la vieille impératrice Tseu Hi tenta sans succès de chasser les étrangers de Chine. Mary doit s'initier à la vie oisive et ennuyeuse de femme de diplomate et s'adapter aux us et coutumes d'un pays qui lui est totalement inconnu. Elle comprend assez vite que son mariage est une erreur, ne trouvant jamais auprès de son époux ni tendresse ni complicité. Et sa vie se complique quand sa route croise celle d'un ambigu colonel japonais, aussi séduisant que guindé, qui l'entraînera jusqu'au pays du Soleil levant...
Quel merveilleux roman que celui-ci, qui par le biais d'une grande histoire d'amour impossible, dessine un très beau portrait de femme libre, comme je les aime. L'histoire de Mary nous est contée à travers son journal intime et son courrier. Mois après mois, nous la voyons grandir, perdre sa naïveté et ses illusions, puis affirmer peu à peu sa personnalité et, enfin, ouvrir ses ailes.
A travers elle, c'est toute la condition féminine de la première moitié du XXe siècle qui est évoquée. Si la femme japonaise vit totalement dans l'ombre de son mari, le sort de la femme occidentale n'est guère plus enviable. Coupable d'adultère, Mary sera traitée comme une criminelle, rejetée par sa famille et ses amis, et privée de ses enfants. Elle parviendra pourtant à trouver sa place dans un Japon aussi machiste que xénophobe, et à s'y tracer un destin. Quel pays que ce Japon-là, féodal, arrogant et impérialiste, qui vénère un empereur déifié et rêve de conquérir l'Asie et, pourquoi pas ?, le monde.
Un roman qui nous offre un voyage inoubliable en Extrême Orient.
Traduit de l'anglais par Sylvie Servan-Schreiber.
Folio, 2006. - 476 p.