Truites & Cie - John Gierach
Attention : billet 100% bio !
Le titre de ce livre n'est en rien métaphorique, et il sera bien question ici de poissons, de rivières et de pêche. Mon expérience personnelle de la pêche est des plus limitées (j'ai attrapé une truite, une fois, en Norvège...), mais il se trouve que j'ai, dans une vie antérieure, obtenu un diplôme d'écologie avec une U.V. d' Hydrobiologie et techniques piscicoles, donc il n'est pas vraiment étonnant qu'un tel bouquin atterrisse dans ma bibliothèque...
Mais il n'est pas question ici de la vulgaire pêche à la ligne qui se pratique le dimanche au bord d'un étang de campagne, une canne dans une main, une cannette dans l'autre. John Gierach est un adepte de la discipline reine de la pêche : la pêche à la mouche, et plus exactement, la pêche à la truite à la mouche sèche, un sport qui tient tout autant de l'art de vivre que de la religion. La truite étant un poisson d'eau froide, on le trouve plutôt dans les lacs et rivières de montagne, la pêche à la mouche se pratique donc dans l'Ouest des Etats-Unis, dans ces états sauvages et montagneux qui me font personnellement totalement fantasmer : Colorado, Montana, Idaho, Wyoming...
D'une plume savoureuse et bourrée d'humour, John Gierach dresse ici un inventaire gourmand, bucolique et baroque de tout ce qu'il faut savoir pour devenir un bon pêcheur à la mouche : du choix de la bonne rivière au choix de la bonne "voiture de pêche", du plaisir du bivouac à celui du montage des mouches, de la joie d'attraper une grosse prise à la difficulté de garder son épouse quand on est dingue de pêche, sans parler de tout ce que vous n'auriez jamais voulu savoir sur la vie des insectes... Il nous montre que l'on peut être pêcheur et écologiste, puisque le pêcheur à la mouche, pour préserver la nature, pratique souvent le "catch and release" (attraper et relâcher). Pour lui, la truite n'est pas une proie, mais un adversaire, souvent rusé. Si la pêche à la mouche tient de l'art de la guerre, c'est une guerre de chevaliers dont l'armure est un "waders", la monture un "belly boat" et la lance une canne en bambou refendu.
John Gierach vient d'entrer dans mon panthéon personnel des "hommes de l'ouest".
Traduit de l'américain par Jacques Mailhos.
Gallmeister, 2010. - 226 p.