Aime-moi, Casanova - Antoine Chainas
Dans la littérature policière, le flic déglingué est généralement alcoolique et se traîne avec plus ou moins d’entrain d’un verre de whisky à l’autre. Le héros de ce livre est, lui, accro au sexe. Salement accro. Dés qu’une fille lui sourit, il part en chasse et comme il a une belle gueule et un don inné de séduction, la proie se laisse assez facilement capturer. Ce qui vaut à Milo Rojevic son surnom de Casanova. Cette addiction a été à l’origine d’un drame familial et de l’implosion de son mariage, et a même valu à Casanova un passage (aussi bref qu’inutile) chez les Sexoliques anonymes. Casanova passe donc moins de temps au bureau à tenter de résoudre les affaires qui lui sont confiées, que dans des séances de baise bien glauques, dans les endroits les plus improbables. L’essentiel du boulot est assuré par son binôme, Giovanni, qui est justement un flic motivé, efficace et inspiré. Jusqu’au jour où Giovanni disparaît. Le ciel se couvre pour Casanova. Le grand patron lui donne deux jours pour retrouver la trace d’un collègue dont il ne sait rien…
Ames sensibles, s’abstenir ! L’univers de Chainas est noir, glauque et opaque. C’est le monde en négatif. Les flics, pourris et corrompus, ont des gueules de truands, la famille est un lieu de haine, de violence et de guerre intime, le sexe est un combat sans pitié et sans plaisir, les âmes pures finissent au trou, et c’est dans les bas fonds que l’on trouve un peu d’humanité. Dans sa quête d’une vérité dont il se fout, Casanova va passer deux jours à se faire tabasser par tout le monde, et à tirer sur tout ce qui bouge, avant de se retrouver dans un étrange club échangiste, où survit une collection de monstres plus humains que les honnêtes gens.
J’ai eu un mal fou à aller au bout de cette descente aux enfers, d’autant que l’intrigue est quasiment inexistante et sa résolution bien peu crédible. L’univers de Chainas donne la nausée et ne propose ni guérison, ni rédemption, ni espoir. Reste une plume qui mêle humour froid et argot des rues, et vous pousse en avant, un peu contre votre gré.
Folio policier, 2010. – 270 p.