The Fall of Troy - Peter Ackroyd
Peter Ackroyd, auteur de biographies et de romans, aime le mélange des genres : bâtir une fiction autour d’un personnage historique. Il s’inspire ici de la vie de Heinrich Schliemann, qui découvrit en 1874 la ville mythique de Troie. Génie pour les uns, escroc pour les autres, Schliemann fut une personnalité très controversée.
Comme son modèle historique, Heinrich Obermann a bourlingué à travers le monde et fait fortune dans le commerce et les trafics plus ou moins douteux, avant de se lancer dans l’archéologie, par amour de la culture grecque. Quand il annonce qu’il a découvert la ville de Troie, quelque part en Turquie, la communauté scientifique et universitaire reste sceptique. Obermann ne fait pas partie du sérail et ses méthodes sont jugées peu orthodoxes. Très imbu de sa personne et sûr de son génie, Obermann n’en a cure.
Le roman s’ouvre sur le mariage d’Obermann avec une jeune fille grecque beaucoup plus jeune que lui. En fille soumise, Sophia Chrysanthis a accepté le mariage arrangé par ses parents, mais quand elle découvre la vie rustique qu’elle va mener auprès de son époux, elle est à deux doigts du désespoir. En femme pragmatique, elle plonge pourtant dans la passion de son mari et ne tarde pas à prendre part aux fouilles, les deux mains dans la glaise. Chaque jour apporte son lot de trouvailles : poteries, bijoux, armes. Mais très vite l’image du génial découvreur se fendille. Non seulement, Obermann cache aux autorités tous les objets de valeur, mais il est prêt à tout pour que la Troie qui émerge du sol soit conforme à sa Troie rêvée, c'est-à-dire la ville décrite par Homère dans L’Illiade. Quand débarque un jeune chercheur américain venu étudier le chantier de fouilles, la tension monte...
Voici un roman qui commence en roman historique et se termine en polar, avec un rien de fantastique pour mettre du piment à l’affaire. Peter Ackroyd y reprend le thème de la mystification historique et s’interroge à nouveau sur les folies auxquelles l’amour immodéré de la littérature peut nous conduire.
Vintage, 2007. – 216 p.