Haruki Murakami - La balade de l'impossible

J'ai bien du mal à parler de ce livre qui m'a laissé des sentiments ambivalents. D'un côté, cette histoire se lit bien, parce que le style en est fluide et les personnages très attachants. Mais, à tout moment, on se demande où l'auteur veut en venir. Il y a des tas d'éléments dans ce roman qui paraissent étonnants et n'apportent rien à l'histoire (ou est-ce moi qui n'ai pas tout compris ?). Le narrateur vit dans un foyer qui ressemble à une école militaire, il partage sa chambre avec un obsédé de la propreté qu'il surnomme « le facho », il n'a quasiment pas d'amis, on se demande où sont ses parents, il poursuit des études qui ne le passionnent pas. D'ailleurs, toute l'histoire manque singulièrement de passion. Et j'ai trouvé notamment curieux le contraste entre la difficulté qu'éprouvent tous ces jeunes gens à parler de leurs émotions et la facilité avec laquelle ils parlent de sexe. La maison de repos dans laquelle vit Naoko se situe à la limite du fantastique et le personnage de Reiko, qui partage sa chambre, est très dérangeant . Le narrateur a fait un long voyage pour venir voir son amie, mais il passe la majeure partie de son temps avec une inconnue qui lui raconte sa vie.
Le point commun à tous ces jeunes gens semblent être leur impossibilité à communiquer. Naoko ne parvient pas à exprimer sa douleur à Watanabé, qui lui ne parvient pas à parler sincèrement avec Midori. Midori raconte que son père est parti en Uruguay alors qu'il est en train de mourir d'une tumeur au cerveau. Et la fin laisse au lecteur un immense sentiment de frustration : il semble que la mort de Naoko ait libéré la parole de Watanabe, mais ce n'est pas sûr.
Extrait :
« Au fur et à mesure qu'on avançait dans la saison, je sentais mon coeur trembler et osciller de plus en plus. Ce tremblement venait en général vers le soir. Dans la pénombre où flottait légèrement le parfum des magnolias, mon coeur se gonflait sans raison et se mettait à trembler, à s'ébranler avant d'être atteint par la douleur. Dans ces moments-là, je fermais les yeux, immobile, les dents serrés. Et j'attendais que ça se calme. Cela durait longtemps avant de passer, laissant persister une violente douleur. »
Trad. du japonais par Rose-Marie Makino-Fayolle.
Points Seuil, 1994. - 442 p.
Points Seuil, 1994. - 442 p.