Jean-Pierre Gattégno - Longtemps je me suis couché de bonne heure

Publié le par Papillon

Ce roman est à classer dans la catégorie des livres qui parlent de livres et  celui-ci a ceci de particulier que le héros n'en est pas un lecteur compulsif et passionné mais au contraire un non-lecteur. Car oui, ça existe ! Il y a encore de malheureux individus qui ignorent tout de l'ivresse de la lecture. C'est justement le cas de Sébastien Ponchelet, un petit truand de banlieue qui s'est retrouvé en prison après une pitoyable tentative de braquage de banque. C'est en prison qu'il a rencontré Sholam, un génial voleur de tableaux qui est aussi un grand lecteur. Bénéficiant d'une libération conditionnelle, Sébastien trouve un emploi de manutentionnaire dans une grande maison d'édition. Sa vie est terne, triste, ennuyeuse. Aussi, quand dans le métro il se trouve nez à nez avec une lectrice au regard pétillant puis avec un manuscrit raturé, sa vie prend soudain un nouveau sens et il se surprend à envier ces lecteurs qui semblent étrangement heureux en lisant…

Il fallait être gonflé pour oser donner comme titre à un roman la première phrase mythique du monument de Proust. Mais c'est un excellent point de départ pour montrer comment quelques mots peuvent exercer une étrange fascination sur nous. Et sur cette phrase, Sébastien va longtemps méditer. Ce n'est pas un dévoreur, il ne se jette pas sur le manuscrit pour le lire jusqu'à la dernière page. Non, il essaie de comprendre cette phrase qui lui trotte dans la tête. Et par cette phrase, il va entrer sans même s'en rendre compte dans l'univers des livres.

 

J'ai regretté que le roman dévie soudain vers autre chose : un vol de tableaux, l'Art, une histoire quasi policière, beaucoup d’allées et venus en métro, des situations très improbables. Pendant un moment, donc, j'ai eu peur, peur que Sébastien ne s'égare dans une aventure qui n'était pas pour lui.

 

Mais la fin m'a rassurée parce que parfaitement conforme à mes attentes : après ce premier contact avec la littérature, Sébastien ne sera plus jamais le même…


Extrait :
"Fais attention, dit-il, si on a lu la première phrase d'un livre, il paraît qu'on peut être capté, on lit la deuxième, et après, c'est foutu."

 
 
Actes Sud / Babel, 2004. – 271 p.
 
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N
Hum, je pense que ce livre va me plaire, je le note et je le souligne ... Je découvre ton blog grâce à Moustafette, donc je vais le visiter ... A bientôt !
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P
Bonne visite et reviens quand tu veux !
L
Vous m'avez donné envie de lire ce livre !<br /> J'en parlerais à mon tour sur mon blog de libraire.<br /> Bien cordialement<br /> Louis
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C
Et voilà, je pars quelques jours et quand je reviens c'est le déluge de critiques. :D <br /> Ce qui m'avait surprise avec ce roman c'est pourquoi personne ne fait le lien entre cette phrase et Proust. J'ai bêtement pensé (je suis très prosaïque des fois) que le héros avait trouvé un manuscrit original de La recherche et puis non en fait....bon tout ça pour dire que c'est quand même un roman intéressant et qui fait réfléchir à l'impact de la première phrase dans un récit et sa capacité à vous faire plonger dans le livre ou non.
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