Après Les Cannabis, nous voici aux Bégonias, autre maison de retraite (décidément la verdure sied à la vieillesse,dirait-on…) Mais cette fois-ci pas question de s’échapper : on s’installe et on visite, chambre par chambre, quart d’heure par quart d’heure, puisque l’auteure a décidé de nous faire partager le quotidien de ceux que l’on n'appelle plus « les vieux », dans l’une de ces maison où l’on attend la mort en jouant aux cartes. Au fil de cette journée ordinaire, nous allons croiser tour à tour des parents en visite, un directeur plus passionné par sa collection de timbres que par ses pensionnaires, une infirmière engluée dans une histoire d’amour un peu sordide, et surtout quelques beaux portraits de gens âgés avec leurs histoires plus ou moins banales : des amours et des haines, des souvenirs et des oublis, des solitudes et des souffrances, de petites joies, aussi. C’est la vie en réduction, dans un univers clos sur lequel plane le voile de la mort.
Ce livre est né d’un plan mathématique d’écriture, s’inspirant de La vie mode d’emploi de Georges Perec. Difficile donc de ne pas penser au modèle, qui est justement un de mes livres cultes. Mais si Camille de Peretti n’a pas l’imagination flamboyante de Perec, elle a le mérite de nous faire entrer dans un lieu tabou, un lieu qui fait un peu peur, parce qu’il évoque la vieillesse et la fin de la vie. Et c’est avec une profonde tendresse qu’elle parle de ses personnages, qui ne sont pas très différents de ce que nous sommes, parce qu’ils sont ce que nous serons. Et elle parvient non seulement à nous émouvoir, mais surtout à nous faire sourire : une réussite.
Les avis de : Lily - Michel - Cathulu - Pascal - Lou - Anne - Katell - Caro[line] - Fashion
Stock, 2008. – 321 p.