Quand nous étions orphelins - Kazuo Ishiguro
Quel bonheur de retrouver Kazuo Ishiguro et son écriture si délicate, si retenue, si pleine de charme. J’avais eu un immense coup de cœur pour Les vestiges du jour, histoire d’un majordome qui faisait passer son devoir avant ses désirs, parce qu’il se croyait investi d’une mission auprès de son maître. C’est un peu le même thème que l’on retrouve ici. Il semble que Kazuo Ishiguro ait une prédilection pour les héros condamnés à la solitude par une conscience, souvent illusoire, d’avoir un grand destin à accomplir.
Nous sommes à Londres dans les années trente et faisons connaissance avec Christopher Banks qui ambitionne de devenir détective. Cette vocation est née des années plus tôt à la suite d’un drame familial. Alors qu’il vivait à Shanghai, juste après la première guerre mondiale, Christopher a vu disparaître aussi soudainement que mystérieusement ses deux parents et s’est promis de trouver un jour la clé de cette énigme. Devenu un détective célèbre, Christopher est de plus en plus rattrapé par son passé. En 1937, alors que l’Europe est au bord du chaos, le jeune homme embarque pour Shanghai, persuadé de détenir la clé qui lui permettra enfin de retrouver la trace de ses parents.
Kazuo Ishiguro nous entraîne dans une Shanghai mythique, cosmopolite et canaille. En coulisse, la guerre de l’opium fait rage et l’enquête tourne à la course poursuite dans une ville bombardée par les japonais. Beau personnage que ce Christopher qui court à perdre haleine derrière un passé qui ne fut peut-être qu'illusion, à l'image de cette ville dévoyée, devenue vitrine d'un monde en train de mourir.
Traduit de l’anglais par François Rosso.
Calmann-Lévy, 2001. – 376 p.