Là-bas - Peter Cameron
Cette histoire, que j’ai lue sur les conseils d’InColdBlog, m’a fait penser à une partie de pétanque. On lance une boule, en visant un cochonnet. Mais parfois, consciemment ou inconsciemment, on manque le cochonnet et la boule va heurter une autre boule, envoyant valdinguer tout le jeu… Le rôle de la boule perturbatrice est joué ici, bien contre son gré, par le jeune Omar Razaghi, étudiant en littérature.
Omar est l’auteur d’un brillant mémoire de maîtrise sur l’œuvre de Jules Gund, qui lui a valu d’obtenir une bourse de doctorat pour écrire une biographie de ce même Jules Gund, écrivain uruguayen d’origine allemande, auteur d’un unique roman. Malheureusement Omar se voit opposer une fin de non recevoir de la part des héritiers de l’écrivain. Le jeune homme, indécis et velléitaire, ne sait que faire, mais sa petite amie Deirdre le pousse à se précipiter « là-bas » pour y plaider sa cause auprès de la famille Gund. Voilà comment Omar débarque un soir d’été et à l’improviste à Ochos Rios. Dans une grande maison délabrée, complètement isolée mais entourée d’une végétation luxuriante, il découvre une famille figée depuis la mort de l’écrivain : Adam, le frère, Caroline, la veuve et Arden, la maîtresse.
Si Deirdre ne l’avait pas poussé, Omar n’aurait jamais tenté une telle aventure. Et pourtant, dans ce voyage et à travers ces rencontres, il va découvrir un autre lui-même et remettre en mouvement tous ces pantins désarticulés. Et c’est ce que j’ai aimé dans ce livre. Un jeune homme qui en cherchant une chose en trouve une autre ; un inconnu qui perturbe une microsociété, poussant chacun à s’interroger soudain sur ses propres désirs… C’est très joliment écrit, avec beaucoup de délicatesse : non-dits, vrais et faux secrets de famille, désirs inavoués, rancunes tues. Au lecteur d’imaginer, de combler les blancs, d’apprendre à connaître ces personnages énigmatiques et pourtant si humains avec leurs failles et leurs doutes.
Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Suzanne V. Mayoux.
Editions Rivages, 2003. – 327 p.
La critique d’InColdBlog.