Persuasion - Jane Austen
Mon remède miracle en cas de panne de lecture (et je traverse une grave panne de lecture), c'est de revenir aux basiques et de relire une valeur sûre. Me voici donc en train de relire Jane Austen, en commençant par la fin, puisque Persuasion est son sixième et dernier roman, écrit peu avant sa mort.
Son héroïne, Anne Elliot, est la fille cadette d'un baronnet uniquement préoccupé de lui-même, qui n'accorde d'intérêt qu'à sa fille aînée. Agée de vingt-neuf ans, Anne nous est présentée comme déjà un peu "défraîchie". Elle a autrefois aimé une jeune officier de marine sans fortune, sans famille et sans relations. Mais sur les conseils de sa marraine, seule personne de son entourage à lui témoigner un peu d'affection, elle a renoncé à une union jugée hasardeuse et rompu ses fiançailles, choisissant la raison aux sentiments. Huit ans plus tard, Frederick Wentworth, que sa carrière dans la marine a enrichi, revient au pays natal et son chemin croise à nouveau celui d'Anne Elliot. Les retrouvailles sont glaciales. Le jeune homme n'a jamais pardonné à son ancienne amoureuse de s'être laissée persuader de l'abandonner. C'est pour lui la marque d'une faiblesse de caractère. Mais un incident va survenir qui va lui montrer que suivre un conseil avisé peut être parfois judicieux.
Comme toujours chez Jane Austen, ce n'est pas tant la fin qui importe, que la manière d'y parvenir. Nous savons d'avance que tout finira par un mariage, mais il est passionnant d'assister à la victoire de l'un et la défaite de l'autre. Chez Jane Austen, l'amour se gagne après une série d'épreuves qui fait grandir. Anne Elliot n'est pas une héroïne flamboyante comme Austen les affectionne. Elle n'a ni la vivacité d'une Elizabeth Bennett (Orgueil et préjugés), ni la fougue d'une Marianne Dashwood (Raison et sentiments), ni l'imagination d'une Emma Woodhouse (Emma). Elle est discrète, gentille et modeste. Tellement modeste que personne ne semble lui prêter attention, sauf pour lui confier quelque corvée. Et pourtant elle nous touche par sa constance et sa générosité. On se dit qu'elle mérite bien cette seconde chance qui passe. Et cette petite personne presque terne va donner en toute simplicité une magnifique leçon à un homme fier qui a parcouru le monde et gagné des batailles. Cette idée est déjà fort plaisante. Mais en plus l'homme en question va se rendre dans une scène absolument sublime. Même à la enième lecture, j'en suis encore tout émue...
Et voici à quoi ressemble mon exemplaire d'avoir été lu et relu, prêté et reprêté (encore un argument pour le numérique ?) :
Traduit de l'anglais par André Belamich.
10/18, 1996 (1e éd. 1817). - 254 p.