Les liaisons dangereuses... au théâtre

Publié le par Papillon

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S'il est un texte du XVIIIe siècle que j'aime tout particulièrement, c'est bien Les liaisons dangereuses de Choderlos de Laclos, et l'adaptation qui m'a le plus marquée à ce jour reste le film de Stephen Friers avec John Malkovich, Glenn Close et Michelle Pfeiffer. Et c'est justement John Malkovich qui met en scène ce merveilleux texte en ce début d'année dans le charmant Théâtre de l'Atelier.

Pour cette adaptation, John Malkovich a pris le parti de la jeunesse et de la modernité : jeunesse par le choix d'acteurs inconnus sortant tout juste de l'école, modernité dans les décors et les costumes. La surprise attend le spectateur dès son entrée dans la salle, puisque pendant que le public s'installe, le rideau est à demi levé et les acteurs déjà sur la scène, où ils vocalisent, et finissent de se maquiller et de s'habiller. Puis quand le rideau se lève tout à fait, on découvre un décor à la fois beau et simplissime : des chaises pliantes et un divan, encadrés de haut murs faussement vieillis et d'un grande porte en bois. Les costumes balancent entre le 18e et le 21e siècles : sous des armatures de robes à paniers, Mme de Merteuil est en pantalon , Mme de Volange en jupe courte. Valmont a hérité d'un jean et d'une redingote à fleurs...

L'histoire ? Dans la France de Louis XVI, Mme de Merteuil et le vicomte de Valmont sont deux libertins assumés et anciens amants, qui aiment à se raconter leurs aventures érotiques. Mme de Merteuil veut se venger d'un ancien amant, Gercourt, qui a eu le tort de la quitter. Elle demande à Valmont de séduire sa jeune fiancée, Cécile de Volange, qui est aussi sa filleule. Mais Valmont refuse, le défi est trop facile, la proie sortant à peine du couvent. Et il a un autre projet en vue, bien plus difficile : séduire Mme de Tourvelle, jeune femme pieuse et fidèle. Mme de Merteuil, qui doute de sa réussite, lui promet ses faveurs en cas de succès. Pendant que Valmont part pour la campagne faire le siège de sa future victime, Mme de Merteuil va jeter Cécile de Volange dans les bras de son professeur de danse, le Chevalier Danceny. Les pions sont sur l'échiquier, la partie peut commencer...

La suite, on la connaît : Valmont va réussir au-delà de toute espérance, mais Madame de Merteuil ne lui pardonnera jamais d'en aimer une autre, et va méchamment se venger.

La mise en scène, bien que très érotique, est d'un sobriété exemplaire. Tous les acteurs sont sur le plateau pendant toute la pièce, assis sur des chaises, et assurent eux-mêmes les mouvements de décor. J'ai aimé cette façon de dévoiler ce qui est le plus souvent dissimulé, et de laisser toute la place au texte et rien qu'au texte. A l'entracte, j'ai entendu un jeune homme déclarer : "c'est un mélange de Princesse de Clèves et de Don Juan", ce qui est assez juste si on s'en tient à la première partie. Car Malkovich a fait le choix judicieux de placer la fin du premier acte au moment de la "chute" (sublime !)  de Mme de Tourvelle, moment clé de la pièce. Avant on est dans le marivaudage léger et plaisant, après dans le drame et la manipulation, et Mme de Merteuil va donner la pleine mesure de son âme perverse.

Tous les acteurs ne m'ont pas complètement convaincue, mais j'ai adoré la glaciale Merteuil (Julie Moulier) et le cynique Valmont (Yannick Landrein). Le seul détail qui m'a vraiment agacée, c'est la présence sur scène, superfétatoire à mon avis, de télephones portables et de tablettes numériques, suggérant que ces jeunes gens communiquent par mails et SMS, d'autant plus superflus que ce sont bien des lettres en papier que Mme de Merteuil répand sur la scène à la fin : le papier reste bien plus visuel que le numérique...

A ce détail près, ce spectacle est formidable et je vous le recommande chaleureusement.

Théâtre de l'Atelier - 1, place Charles Dullin, Paris 18.

 

Publié dans Théâtre - Opéra

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A
<br /> Cela m'aurait bien plu, je pense ! Il faudrait que je surveille voir s'il passe à Toulouse ou pas. Au ciné, c'est la même version que toi, que je préfère. Il faut dire que Glenn Close en Marquise<br /> de Mertueil cela lui allait comme un gant !<br />
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S
<br /> Entre ton billet et celui d'Ori, je suis hyper tentée !<br />
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P
<br /> <br /> Je conseille vraiment : un très chouette spectacle !<br /> <br /> <br /> <br />
C
<br /> Je suis contente que tu aies aimé la pièce : j'avais pris mes billets sur la seule foi de l'oeuvre (que j'adore) et de Malkovich (dont je suis amoureuse), mais de lire des premiers échos positifs<br /> me rassure quand même !<br />
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