Le linguiste était presque parfait - David Carkeet
L'institut Wabash est un très sérieux centre de recherche qui étudie les processus d'acquisition du langage chez les jeunes enfants. De très sérieux intellectuels y cohabitent avec de jeunes bambins, dont le vocabulaire se limite à quelques onomatopées : "Beuh, Bô, Bah". Jeremy Cook y est linguiste, passionné par son métier, mais pas totalement heureux car persuadé que ses collègues le détestent. Ce n'est pourtant pas lui qui est retrouvé assassiné dans son propre bureau, mais son collègue Stich. Les circonstances du meurtre font de Cook le suspect idéal aux yeux du gros inspecteur Leaf, peut-être moins obtus que son rire gras ne le laisserait penser. Cook va donc décider de mener sa propre enquête en analysant ce qu'il connait le mieux : le langage.
"En tant que linguiste, Cook, lui, savait que chaque jour, dans presque chaque phrase, les gens livraient régulièrement (quoique souvent par inadvertance) des informations à leur auditoire sur ce qu'ils savaient."
Voici un délicieux polar loufoque qui analyse les rapports humains compliqués qui règnent dans le milieu professionnel, et le décalage, souvent douloureux, entre l'image que l'on a de soi et celle que les autres nous renvoient. La victime étudiait justement l'expression de ces rapports amour-haine. Et l'affaire se complique vicieusement quand il apparaît que le coupable ne peut être que l'un des sept linguistes survivants, transformant l'enquête en jeu de la vérité assez cruel. Ce sera finalement un petit gars de dix-huit mois qui livrera la clé de l'énigme, fidèle à la maxime qui veut que "la vérité sorte toujours de la bouche d'un enfant."
Charmant roman, drôle et sans prétention, et bien plus profond qu'il n'y paraît.
Traduit de l'américain par Nicolas Richard.
Monsieur Toussaint Louverture, 2014 (1e éd. 1980). - 214 p.