Le Club des Incorrigibles Optimistes - Jean-Michel Guenassia
Rentrée littéraire 2009
En ce jour d’octobre 1959, Michel fête son douzième anniversaire. Jour de fête dans une époque trouble : guerre froide d’un côté, guerre d’Algérie de l’autre. Et chez Michel, c’est la guerre froide aussi. Il y a comme un rideau de fer entre sa famille maternelle, des commerçants aisés, catholiques et bourgeois, et sa famille paternelle, des cheminots rouges d’origine italienne. Le fils aîné, Franck a choisi son camps : il sera communiste comme le grand-père Enzo. Michel, lui, la politique il s’en fout. Ce qu’il aime, c’est le rock’n roll, la littérature et le baby-foot. Il passe son temps au Balto, un bar de la place Denfert-Rochereau, où il enchaîne les parties avec son copain Nicolas. Un soir, il pousse une porte au fond du bar et découvre le Club des Incorrigibles Optimistes, un club d’échecs qui réunit des exilés des pays de l’Est. Ils sont russes, tchèques, polonais ou hongrois, ils ont dû quitter pays, familles et métiers. Ils n’ont pas de papiers et font de petits boulots. Michel va devenir le plus jeune membre du club et découvrir l’histoire de ces hommes au passé douloureux.
Ce gros roman n’est pas exempt de défauts : un style un peu plat, des incohérences, mais c’est tout de même un bon roman populaire comme je les aime, un roman qui mélange les genres : roman de société, roman historique, roman d’initiation, roman familial. Au début, j’ai été gênée par le jeune âge de Michel. Difficile d’imaginer qu’un si jeune adolescent puisse devenir ami avec des étudiants de dix ans plus âgés, ou le confident d’une jeune fille solitaire. Mais l’auteur nous entraîne dans un tel tourbillon d’aventures que l’on oublie vite ces détails. D’un côté, il a su recréer dans le détail le Paris des années soixante, le quatorzième arrondissement où vit Michel ; de l’autre, il nous plonge dans l’histoire européenne de l’après seconde guerre mondiale à travers le destin de ces exilés de l’Est. Il multiplie les personnages et les anecdotes, certains plus crédibles que d’autres, plus ou moins drôles ou tragiques. Il mêle avec bonheur le quotidien de Michel, celui d’un ado, et l’histoire avec un grand H. D’un côté, les cours de maths honnis, les livres dévorés, les disputes familiales, les Beatles et le baccalauréat ; de l’autre, de Gaulle, Staline, Budapest en 1956, la construction du mur de Berlin, l’Algérie et l’OAS.
Je ne suis pas du tout étonnée que les Lycéens l’ait choisi pour leur Goncourt, tellement il est facile de s’identifier à ce jeune héros, et j’en suis ravie parce que ce roman trace une très belle page d’histoire. D’ailleurs, l’auteur lance plein de pistes, laissant penser qu’il pourrait y avoir une suite…
D'autres avis : Amanda - Clarabel - Laurence - Caro[line]
Albin Michel, 2009. – 758 p.