Freedom - Jonathan Franzen
Rentrée littéraire 2011.
« Fais bon usage de ta liberté. »
La liberté, qui trône dans le port de New York, est le concept fondamental sur lequel les Etats-Unis se sont construits. Mais qu’est-ce que la liberté, aujourd’hui ? C’est à cette ambitieuse question que tente de répondre ce roman, à travers l’histoire de la famille Berglund, sur trois générations.
Patty s’était jurée de ne jamais ressembler à sa mère, qui avait plus ou moins négligé sa famille pour se consacrer à sa carrière politique de députée démocrate. Patty avait donc mis toute son énergie dans un domaine totalement étranger à sa famille, le sport, et devint championne universitaire de basket-ball. Et c’est à l’université du Minnesota qu’elle rencontra Walter et Richard, deux copains aussi proches que différents l’un de l’autre. Walter, l’exemple parfait du gentil garçon, serviable, généreux et travailleur ; et Richard, le bad boy, rocker égoïste, séducteur et volage. Malgré son attirance pour Richard, Patty épousa Walter et renonça à toute carrière personnelle pour se consacrer à sa famille, devenant l’une de ces mères parfaites, toujours prête à garder la fille du voisin et préparer des tonnes de cookies. Vingt ans plus tard, son fils la fuit et sa fille lui bat froid. Patty tombe dans une profonde dépression et se demande où elle a fait une erreur.
L’erreur de Patty est sans doute celle de tous les américains, de se croire parfaitement libres. Libres de bousiller une planète qui ne leur appartient pas pour préserver leur confort, libres d’envahir un pays étranger pour lui voler son pétrole, libres de mettre en péril leur économie pour quelques (millions de) dollars de plus. Patty et Walter, eux, pensaient pouvoir échapper à leur histoire familiale et son cortège de névroses, oubliant au passage que l’on n’est jamais libre quand on aime et que le désir est mauvais conseiller. Dans leur quête effrénée du bonheur et de la réussite, tous les héros de cette histoire vont mettre à mal leurs idéaux en se livrant à d’embarrassantes compromissions, pour finalement découvrir que la vraie liberté est ailleurs.
En toile de fond, l’auteur déroule l’histoire américaine des trente dernières années, de Reagan à Bush II, portant un regard très critique sur la politique de son pays, renvoyant dos à dos démocrates et républicains, faux altruistes et vrais égoïstes, et donnant une vision déprimante d’une Amérique déprimée, qui peine à se remettre de la ruine du rêve américain.
Je n’ai pas retrouvé dans ce roman la plume caustique du Franzen des Corrections, mais il y a toujours ce soin maniaque à disséquer le moindre comportement de ses personnages, ce qui les rend particulièrement proches et humains, d’autant que la construction très habile et en miroir présente tour à tour leurs différents points de vue.
Un roman passionnant et foisonnant, à la fois politique et humaniste, qui est aussi une magnifique histoire d’amour.
Traduit de l’américain par Anna Wicke. L’Olivier, 2011. – 718 p.