Allmen et les libellules - Martin Suter
Fils d'un homme enrichi dans la spéculation immobilière, Johann Friedrich von Allmen a très tôt pris goût au luxe : hôtels étoilés, restaurants gastronomiques, vêtements sur mesure, et surtout, objets de collection. Tant et si bien que son héritage a fini par fondre comme neige au soleil et que, parvenu à la quarantaine, il vit surtout à crédit, ne conservant que les signes extérieurs de richesse susceptibles d'inspirer confiance à ses créanciers. Toujours aux abois, mais se refusant pourtant à envisager de se trouver un emploi rémunéré, Allmen a un don certain pour faire l'autruche, jusqu'à ce que la réalité ne le rattrape, parfois brutalement, et ne le pousse à commettre quelque indélicatesse, comme dérober un objet de prix dans chez un antiquaire pour le revendre discrètement et payer ses dettes. Aussi, le jour où il tombe par hasard sur cinq magnifiques coupes Gallé dans une maison bourgeoise (presque) déserte, il ne peut résister à la tentation de les dérober, et se retrouve dans une situation très délicate.
Ce roman est le premier d'une série où l'on verra notre gentleman cambrioleur se transformer en enquêteur spécialisé dans les objets précieux, il s'agit donc d'un volume d'exposition dont la plus grande partie est consacrée à nous présenter cet esthète raffiné qu'est Allmen. Ce qui ne m'a pas vraiment génée tant ce personnage de bourgeois décadent, amoureux des belles choses et drogué de livres, se révèle attachant par son refus d'affronter la réalité et de maintenir le style de vie auquel il est attaché. On voit d'ailleurs parfaitement dans cette histoire qu'il suffit d'avoir l'air riche pour qu'on vous fasse crédit. L'intrigue n'est ni originale ni spectaculaire, mais réserve néanmoins quelques belles surprises, notamment dans l'évolution du personnage et dans l'irrésistible duo d'escrocs qu'il forme avec son domestique guatémaltèque.
Un petit polar sympathique et bourré de charme, idéal pour les vacances.
Traduit de l'allemand par Olivier Mannoni.
Christain Bourgois Editeur, 2011. - 177 p.