Qui comme Ulysse - Georges Flipo
Rentrée littéraire 2008
« Ne demande pas ton chemin à quelqu’un qui le connaît, tu risquerais de ne pas te perdre. »
Rabbi Nachman de Breslau
Cette citation qui figure en exergue du dernier recueil de nouvelles de Georges Flipo me paraît illustrer parfaitement ces textes consacrés au voyage, car dans ces « nouvelles en partance », il est moins question, finalement, de partir que de 6se perdre pour trouver ou retrouver. L’un se perd dans les dunes pour trouver un destin (La marche dans le désert) pendant que l’autre se perd dans la neige pour retrouver un frère inconnu (Le voyage vers le frère). Ulises perd l’inspiration et trouve une vocation (Qui comme Ulysse), Dominga retrouve ses souvenirs d’enfance perdus (Les sources froides) et Zlatko perd une partie d’échecs mystique (La partie des petits saints). On peut plus simplement se perdre dans des mensonges (Confiterra Ideal), perdre la tête (Une incartade), ou même se perdre dans la contemplation pour tenter d’arrêter le temps (L’île Sainte-Absence) :
« Comme si on pouvait s’intéresser à des bateaux qui s’enfuient, quand il y a une île qui reste, immobile. »
A part deux textes consacrés au tourisme (Nocturne, sur le tourisme de masse qui détruit la culture traditionnelle, et Un éléphant à Pattaya, sur le tourisme sexuel) qui m’ont paru artificiels et convenus, la plume de Georges Flipo m’a enchantée par son inventivité et son acidité. Il croque avec ironie tous les petits travers humains, c’est drôle, piquant, souvent féroce (Et à l’heure de notre mort), parfois cynique (L’indifférent). On rit, on frissonne et on pleure. C’est la vie, quoi ! Avec ou sans bagages.
Merci à l'auteur pour l'envoi.
A ne pas manquer : sur Mot compte double, Cuné lit L'île Sainte-Absence
Editions Anne Carrière, 2008. – 253 p.