Marilyn dernières séances - Michel Schneider
De Marilyn Monroe, on croit tout savoir : l’actrice, la femme, le sex-symbol, le mythe ; ses films, ses amants, ses maris et ses caprices de star. Pourtant Michel Schneider a trouvé un territoire particulièrement intime à explorer : les relations de Marilyn avec la psychanalyse, ou plus exactement avec son dernier psy (elle en eut quatre), Ralph Greenson.
J’ai été très déçue par ce livre, ou plus exactement j’en ai trouvé la lecture très frustrante… D’abord, Michel Schneider reconnaît n’avoir eu accès à aucun des documents privés (correspondance, notes personnelles, …) tant il semble que tout ce qui concerne Marilyn soit classé « secret défense » aux Etats-Unis. Donc, tout ce que raconte l’auteur, il le tient de coupures de journaux, de biographies des protagonistes et des articles professionnels publiés par Greenson. Tout cela est donc du matériel de seconde main. Mais l’auteur se défend en expliquant que ceci n’est pas une biographie. Un roman ? Soit. Sauf que ce roman est raconté par petits morceaux semés en désordre. Certes, au début de chaque chapitre, il nous indique le lieu et la date, mais j’ai quand même eu un peu de mal à m’y retrouver. Dans un chapitre, Marilyn est sur le point de divorcer d’Arthur Miller, mais dans le suivant, elle est toujours mariée. Ici, elle est à Los Angeles en train de tourner Le Milliardaire avec Yves Montand ; là, on la retrouve à Londres, cinq ans plus tôt, sur le tournage du Prince et la danseuse avec Laurence Olivier. Le tout donne une histoire en forme de puzzle, ou de kaléidoscope… J’aurais du m’en douter : on ne peut pas raconter une analyse…
Il n’en reste pas moins que j’ai découvert avec intérêt les relations étroites qu’entretenait Hollywood avec la psychanalyse. Tous les acteurs étaient en analyse, par forcément par besoin, mais parce que la psychanalyse était à la mode et était supposée être un outil indispensable au travail de l’acteur. Quant aux psy, ils étaient scénaristes, consultants, intervenaient dans le choix des rôles et la signature des contrats ; bref, le tout révèle un mélange des genres assez peu en accord avec ce que je connais de la psychanalyse freudienne…
Quant au cœur du sujet, les relations entre Marilyn et son dernier analyste, elles sont particulièrement choquantes. D’abord, on découvre que la star n’était pas seulement une névrosée capricieuse, mais une femme gravement malade, incapable de tenir debout, complètement accro aux barbituriques, prescrits avec générosité par ses différents médecins, une femme dramatiquement seule et vivant dans une grande souffrance. Dans ces conditions, Greenson (que j'ai imméditement détesté...) n’était peut-être pas le meilleur choix pour elle. Il va très vite être complètement fascinée par tout ce qu’elle incarne :
« Elle, si belle ; moi, plutôt ingrat. La blonde vaporeuse et le docteur des noirceurs, quel couple… Aujourd’hui, je vois que ce n’était que l’apparence : j’étais une bête de scène, je me servais de la psychanalyse pour satisfaire mon besoin de plaire, et elle une intellectuelle qui se protégeait de la souffrance de penser par une voix d’enfant et une bêtise affichée. »
Très vite, il sort de son rôle de thérapeute, invite Marilyn chez lui, lui présente sa famille, lui donne des conseils sur son travail, sur ses contrats. Entre eux, c’est un lien passionnel et fusionnel. « Lui qui définira le but de l’analyse comme l’accès du patient à l’indépendance de pensée, il fit exactement le contraire. »
Il ne la sauvera pas. Qui a tué Marilyn ? Greenson, la psychanalyse, la maladie, la mafia ? Peu importe. Dans l’état où elle était quand commença le tournage de ce film au titre prémonitoire, Quelque chose doit craquer, elle était dans un tel état psychique que seul le pire pouvait advenir.
Ils l'ont lu : Cathe, Lily, Clarabel, Alice, InColdBlog.
Grasset, 2006. – 531 p.