Mitsuba - Aki Shimazaki
Dans le Japon des années 80, Takashi Aoki est très fier de la compagnie pour laquelle il travaille comme commercial, une société qui, à l'image du pays tout entier, est en pleine expansion et ouvre chaque année de nouvelles succursales à l'étranger. Takashi revient justement de Singapour où il était chargé de réaliser une étude de marché. Son patron le félicite et lui promet une mutation à Paris. Pour occuper ce futur poste il serait bon que le jeune homme se marie, mais il a toujours refusé le traditionnel miaï, le mariage arrangé. Il n'en a d'ailleurs pas besoin, puisqu'il vient de rencontrer une jeune fille qui lui plaît beaucoup. Yûko fréquente le même cours de français que lui et travaille dans la même société comme hôtesse d'accueil. Il décide de lui faire très vite sa déclaration. Mais Yûko, qui est très jolie, plaît à beaucoup d'autres hommes, et les deux jeunes gens vont découvrir que les intérêts de la société priment sur ceux des salariés.
Ce roman est glaçant en ce sens que, l'air de rien, avec une plume toute en simplicité, sans grands effets, Shimazaki nous raconte une histoire tragique qui semble sortir tout droit du Moyen-Age. Elle nous montre comment dans le Japon moderne un salarié ne vaut pas mieux qu'un esclave puisqu'il appartient corps et âme à la société qui l'emploie, jusqu'à la mort parfois. En quelques mois, Takashi comprend comment cette compagnie dont il était si fier abuse de ses emplioyés pour son intérête propre. Avec lui nous découvrons les traditions perverses de la vie professionnelle au Japon, qui donne l'impression que le salarié est un samouraï des temps modernes, qui doit être prêt à se sacrifier pour la réussite de l'entreprise.
Un roman qui montre un aspect déplaisant du Japon mais qui est aussi une belle histoire d'amour.
Leméac / Actes Sud, 2006. 156 p.