Le mythe de la liberté et la voie de la méditation - Chögyam Trungpa
Moine tibétain, Chögyam Trungpa dirigeait un monastère quand les chinois envahirent son pays. Obligé de fuir, il se réfugia d'abord en Inde puis aux Etats-Unis, où il renonça à ses voeux pour devenir enseignant laïc. Il est considéré comme l'un des plus grands penseurs bouuddhistes du XXe siècle, et a joué un rôle essentiel dans la propagation du bouddhisme tibétain en occident.
Dans Le Mythe de la liberté, condensé des conférences que Trungpa donna aux Etats-Unis au début des années soixante-dix, il se propose de montrer que la véritable liberté est intérieure, et s'obtient par la voie bouddhiste, qui repose en grande partie sur la pratique de la méditation.
Ce qui m'a frappée, dans ce livre, c'est la quantité de concepts empruntés à la psychanalyse : névrose, répétition, refoulement, projection... Le bouddhisme, comme on sait, est une religion sans divinité qui se présente comme une philosophie basée sur une analyse de la psychologie humaine. Mais, là où la psychanalyse propose une cure par la parole et une attention portée au "moi", le bouddhisme propose une cure par le silence et la disparition de l'ego. Car le constat premier du bouddhisme est à la fois simple et rude : le vie humaine n'est que souffrance et cette souffrance, cette insatisfaction n'est pas due aux autres (parents, famille, patron, autorité,...) mais à nous-mêmes, à cause du point de vue inapproprié que nous portons sur le monde, un point de vue trop égocentrique.
La pratique de la méditation doit nous aider non seulement à être plus présents à chaque moment de notre vie (au lieu de toujours vouloir être ailleurs et désirer autre chose), mais surtout à adopter sur les évènements de la vie un regard innocent, débarassé des préjugés, des projections et des a priori. C'est la voie qui mène à la vraie compassion, qui est l'essence du bouddhisme.
Ce livre est une excellente introduction au bouddhisme tibétain. Il est très abordable, à l'exception des derniers chapitres plus ésotériques. Il a en partie répondu à mes questions sur la pratique de la méditation. Pourqui méditer ? Pour atteindre l'Eveil. Mais, comme disent les bouddhistes "Le meilleur moyen d'atteindre l'Illumination est de ne pas chercher à atteindre l'Illumination."
Traduit de l'américain par Vincent Bardet.
Points Seuil, 1979. - 187 p.