La promenade au phare - Virginia Woolf
« La vie, à force d'être faite de ces petits incidents distincts que l'on vit un à un, finit par faire un tout pour s'incurver comme une vague, vous emporte et, retombant, vous jette violemment sur la grève.»
Les Ramsay passent leurs vacances sur l’île de Skye, avec leurs huit enfants et quelques amis. Il y a là un étudiant impécunieux, un couple d’amoureux, une peintre, un écrivain et un poète. Mr Ramsay (inspiré, semble-t-il, par le propre de père de Virginia Woolf) est lui-même un intellectuel, professeur, éditeur et écrivain.
« Irons-nous au phare demain ? », demande James, le petit dernier. « Oui » répond la mère, « Non », rétorque le père, « le vent ne le permettra pas. » Cette question de la promenade au phare reste en suspens toute la journée. Pendant ce temps, les protagonistes voient, entendent, sentent, éprouvent des sentiments les uns pour les autres qui fluctuent d’un moment à l’autre. La vie n’est pas un flux mais un puzzle de petits moments, un être n’est pas un bloc mais un kaléidoscope de ressentis et de sensations parfois contradictoires.
Au centre de tout cela, il y a Mrs Ramsay, son amour pour ses enfants, son inquiétude pour ses amis qu’elle veut protéger, son affection pour son mari qu’elle admire mais qui l’agace parfois. Entre elle et tous ces gens, il y a des milliers de pensées qui vont et viennent et qui tissent des liens invisibles et mouvants.
J’aurais vraiment voulu aimer ce livre (dont j’ai lu qu’il faisait partie des dix livres les plus difficiles à lire) parce que Virginia Woolf est une femme qui me touche beaucoup par sa vie, sa personnalité, ses amours et ses amis, sa mort même. Je ne peux d’ailleurs pas dire que je n’ai pas aimé, car le procédé qu’elle utilise est intéressant pour montrer que notre ressenti sur ce qui nous entoure change sans cesse, comme des nuages dans le ciel.
C’est juste qu’il est vraiment trop difficile de rester concentré sur ce texte qui n’est qu’intériorité et s’apparente à un long monologue intérieur, dont le point de vue change continuellement, passant successivement de Mrs Ramsay à toutes les personnes qui l’entourent. C’est comme de regarder une pièce de théâtre quasi muette où ce que l’on dit importe moins que ce que l’on cache. On perd le fil, on s’égare et l’esprit s’échappe.
Il m’a fallu deux semaines pour arriver page 171, et j’ai décidé de jeter l’éponge.
Traduit de l’anglais par Maurice Lanoire.
Le Livre de Poche Biblio, 1983 (1e éd. 1927) – 277 pages.