Guide de l'incendiaire des maisons d'écrivains en Nouvelle-Angleterre - Brock Clarke
Rentrée littéraire 2009

« Il suffira sans doute de dire qu'au panthéon des grandes et sinistres tragédies qui ont frappé le Massachusetts, il y a les Kennedy, les sorcières de Salem, et puis il y a moi. »
Sam est condamné à dix ans de prison. A sa sortie, il se rend vite compte que la vie dans sa ville natale n’est plus possible. Il quitte la ville, tournant le dos au passé et à ses parents. Il renonce à la littérature pour devenir un spécialiste du packaging, se marie, a des enfants et s’installe dans un pavillon de banlieue. Une vie morne et tranquille, mais un remords l’empêche d’être heureux : il n’a jamais parlé de son passé à sa femme, allant même jusqu’à prétendre que ses parents sont morts. Il sent que le moment est venu de dire enfin la vérité. Il n’en aura pas le loisir. Le fils de ses victimes débarque un beau matin, avec l’intention annoncée de lui pourrir la vie. Il va réussir au-delà de toute espérance…
Jamais héros de roman n’aura mérité autant que Sam Pulsifer (notez le clin d’œil au Prince des ténèbres…) la qualificatif d’anti-héros. Sa principale caractéristique est la passivité face aux évènements. C’est un être qui cherche vainement sa place dans le monde, sans jamais la trouver. Il donne l’impression d’être un acteur qui joue dans une pièce dont il ne connaît ni l’intrigue, ni les répliques. Il se trouve donc systématiquement au mauvais endroit au mauvais moment. Sam se qualifie lui-même de « cafouilleur » : il multiplie les erreurs, les bévues, les bêtises et les bourdes. On découvre peu à peu qu’il a grandi au milieu des mensonges, au rang desquels il faut compter toutes les histoires dont les livres sont remplis. Et la vraie question que pose ce roman est : quel est le rôle que les histoires jouent dans nos vies ? La réponse est aussi ambivalente que cruelle : les histoires nous sont indispensables et fatales.
Brock Clarke pratique une poétique de l’absurde et interroge sur le mode burlesque le rôle de la littérature. Son monde, peuplé de personnages fantaisistes, est tout à fait réjouissant.
Déjà lu par : Cuné - Ma tasse de thé - Emeraude
Traduit de l’américain par Renaud Morin.
Albin Michel, 2009. – 429 p.