Blessés - Percival Everett
Il y a des années que John Hunt a quitté la ville pour s’installer dans un ranch où il élève des chevaux en compagnie de son vieil oncle. La vie s’y écoule paisiblement entre dîners chez les voisins, visites en ville et dressage de chevaux. Jusqu’au jour un jeune homosexuel est retrouvé assassiné dans le désert. Des vaches sont abattues et mutilées, des insultes racistes apparaissent, une vague menace plane sur cette petite communauté. Et John ne peut s’empêcher de se sentir impliqué parce qu’il est noir, que ses plus proches voisins sont indiens et que le fils de son meilleur ami venu lui rendre visite est homosexuel.
Encore un roman qui dresse un constat affligeant de la réalité de l’Amérique moderne. Appartenir à une minorité, être un tant soit peu différent, y est, semble-t-il, toujours synonyme de danger. Il y a, au début du roman, une ambiance qui m’a fait penser à Jim Harrison et son amour des grands espaces. Mais Percival Everett est bien plus pessimiste : même au fin fonds de l’ouest, le racisme guette et la violence couve. Il a su créer, avec John Hunt, un très beau personnage de rancher atypique, cultivé et amoureux de l’art, pas macho pour deux sous, qui s’interroge sans arrêt sur la portée de ses paroles, sur les sentiments qu’il éprouve, sur la juste attitude à avoir, sans renier ce que l’on est. Cet homme est, à lui seul, une leçon d’humanité.
Traduit de l’américain par Anne-Laure Tissut.
Actes Sud, 2007. – 271 p.