Nuée d'oiseaux blancs - Yasunari Kawabata
Encore une fois, je suis complètement tombée sous le charme de Kawabata. S’immerger dans l’une de ses histoires, c’est comme entrer dans une estampe japonaise où chaque élément a son importance : le nuage dans le ciel, le prunier en fleurs, le pot à thé ou le foulard rouge de la jeune fille sont autant de symboles. Et la couleur qui domine dans cette peinture-ci est le blanc, blanc comme la pureté : pureté des jeunes filles, pureté de l’amour, pureté d’une céramique, pureté toujours rêvée et jamais atteinte…
Autour du jeune Kikuji, tournent quatre femmes dont chacune représente une image de la féminité : Chikako, la vieille fille, qui porte sur le sein une tâche qui la condamne à la méchanceté ; Yukiko, la jeune fille à marier ; Mme Ota, qui incarne le désir, et Fumiko qui aspire à la pureté. Au milieu de ces « oiseaux blancs », Kikuji va éprouver successivement tout une gamme de sentiments, mais dans cette histoire désir rime avec culpabilité, et amour avec mort.
Encore une histoire fortement teintée d’esthétique et de sensualité : de l’odeur des fleurs au bruissement de la pluie, de la couleur d’un foulard à la forme d’une cruche à eau, et du chant des cigales aux larmes d’une femme, Kawabata joue sur nos cinq sens pour nous laisser apercevoir une certaine idée de la perfection : par la voie de la beauté, la pureté nous devient accessible.
Traduit du japonais par Bunkichi Fujimori et Armel Guerne.
10/18, 1986. – 206 p.