Naufrages - Akira Yoshimura
Dans un Japon complètement intemporel, un village de pêcheurs très pauvres, où la vie est rythmée par le passage des saisons. Pour permettre à leurs familles de survivre, les hommes les plus solides vont se louer dans les villages voisins. C’est ainsi qu’Isaku, âgé seulement de neuf ans, se retrouve chef de famille, après le départ du père. A lui de prendre en charge la pêche pour nourrir sa mère et ses frère et sœurs. Tant bien que mal, Isaku s’initie à la pêche au poulpe, aux encornets et au maquereau. En guise d’initiation, le jeune Isaku se voit révéler le secret ancestral du village. Les soirs de tempête, de grands feux sont allumés sur la plage, dans l’espoir d’attirer sur les rochers un navire chargé de riz. Ces pauvres pêcheurs, qui meurent de faim une année sur deux, sont des naufrageurs. Quand ils mettent la main sur une cargaison de riz, ce sont des provisions assurées pour des mois. Mais le prix à payer pour ce crime sera bien lourd à payer.
C’est une histoire rude et tragique que celle de ces pêcheurs, qui parle du manque et de la difficulté de survivre. C’est tellement étrange de lire une telle histoire alors que nous vivons dans une société qui croule sous l’abondance, une histoire où un bol de riz prend des allures de mets de luxe, à savourer religieusement. A aucun moment, Isaku ne se révolte. Il assume ses taches en subissant, le froid, la faim, la fatigue et la douleur. Et l’angoisse de ne pas rapporter assez de poisson pour nourrir la famille. Son seul espoir : que son père soit fier de lui quand il reviendra. Il n’y a pas de bien et de mal dans cette histoire, juste des gens simples qui luttent pour survivre.
Un livre que l’on referme avec des frissons dans le dos, dans larmes dans les yeux, et un grand sentiment d’humilité…
Traduit du japonais par Rose-Marie Makino-Fayolle.
Actes Sud Babel, 2004. – 192 p.