Fils unique - Stéphane Audéguy
Un jour d’octobre 1794, les restes de Jean-Jacques Rousseau sont transférés en grande pompe au Panthéon, devenu depuis peu le tombeau des grands hommes. Dans l’assistance, un homme observe la cérémonie avec une certaine ironie. Cet homme, François Rousseau, n’est autre que le frère aîné du philosophe dont la Révolution a fait son grand maître. De ce frère, il est bien peu question dans les Confessions de Jean-Jacques. Et pour cause : les deux hommes s’étaient perdus de vue dans leur jeunesse. Mais François n’était pas mort, comme le croyait son frère. Et il entreprend, à son tour, de livrer ses mémoires à la postérité.
Ce roman n’est ni plus ni moins qu’un roman libertin, comme le XVIIIe siècle en a tant produit, quelque part entre Crébillon fils et les mémoires de Casanova. Avec François Rousseau, Audéguy a créé un personnage qui est en tout point l’antithèse du célèbre philosophe, et qui va connaître une série d’aventures des moins banales. Né à Genève, il est élevé comme un petit animal de compagnie par une mère très tendre, mais c’est un aristocrate érudit et homosexuel qui fera son éducation. Puis il connaîtra la maison de correction et l’apprentissage, avant de fuir pour la France et Paris. On l’y retrouve intendant dans un bordel, puis créateur d’automates érotiques. Ce qui lui vaut de retrouver à la Bastille en compagnie du plus libertin des écrivains du XVIIIe siècle : Sade. Il en sera libéré le 14 juillet 1789, pour devenir intendant dans un établissement de bains très raffiné.
C’est un roman plein d’humour et de délicatesse, où on rencontre une collection de personnages hauts en couleur, et où on côtoie à plusieurs reprises la grande Histoire. Un roman qui se lit tout seul parce qu’il est écrit dans cette belle langue du XVIIIe siècle.
Gallimard, 2006. – 263 p.L'avis de Cathe
L'avis d'Anne-Sophie