John Fante - Demande à la poussière
Arturo Bandini, fils d'émigré italien, a quitté son Colorado natal, pour tenter sa chance à Los Angeles, le dernier Eldorado de l'Amérique des années 30. Arturo n'a qu'une passion : écrire, qu'une ambition : devenir écrivain. Mais son rêve se heurte à une réalité bien difficile. Arturo n'a pas un sou, il erre dans les rues, fait des rencontres, crève de faim, rêve, tombe amoureux…
Il s'agissait d'une relecture puisque j'ai découvert John Fante il y a près de vingt ans et que j'ai lu toute son œuvre. Et la relecture ne m'a pas déçue : cette littérature, c'est tout ce que j'aime parce qu'on sent que ça a été écrit avec les tripes ! Arturo Bandini, c'est le double de John Fante. Et Arturo, moi je l'aime ! Il m'émeut, il m'agace, il me fait rire avec ses contradictions, sa lâcheté et sa générosité, sa franchise, et surtout sa sincérité. Il ne triche pas, sauf quand il aime… Pauvre Arturo ! Il a tant de mal à aimer, et à exprimer ses sentiments. Et pourtant quelle tendresse il est capable de montrer pour tous ceux qui rament comme lui. Car John Fante nous dévoile une Amérique que l'on n'a pas l'habitude de voir. C'est l'envers du décor : hôtels minables, bars louches, piaules crasseuses. L'univers d'Arturo est peuplé de prostituées, de paumés, de solitaires, de tous les exclus du rêve américain. Lui qui a passé son enfance à se faire traiter de "rital", il les comprend et il les aime, ces damnés de la terre.
Et ce qui fait la force du roman, c'est bien évidemment le style puissant de l'auteur. Pour moi, c'est de l'émotion à l'état pur : tantôt poétique, tantôt trivial, tantôt lyrique, tantôt gouailleur, l'auteur sait jouer de toute une palette de nuances. C'est le genre de livre qui vous attrape dès le premier paragraphe et ne vous lâche plus jusqu'au dernier mot.
Trad. de l'américain par Philippe Garnier.
10/18 , 1986 – 272 p.