Un brillant avenir - Catherine Cusset

Ce roman nous raconte alternativement deux vies de femme : Elena la roumaine et Helen l’américaine, et on a bien du mal à croire qu’il s’agisse en fait de la même personne tant elles nous semblent différentes. Elena est très émouvante. Orpheline très jeune, elle est élevée par une famille froide et peu affectueuse (hormis sa vieille grand-mère). Pendant toute sa jeunesse elle attendra en vain un vrai signe d’amour de la part de ses parents adoptifs. C’est pourtant une petite fille docile, attachante, gentille avec tout le monde et brillante élève. Elle ne se révolte contre sa famille que lorsqu’on veut l’empêcher d’épouser l’homme qu’elle aime : Jacob, un juif. Plus tard elle se bat pour quitter un pays étouffé par la dictature, quitte à abandonner tout ce qu’elle a construit.
Au contraire, Helen est une femme froide, dure, possessive avec son fils, jalouse de sa belle-fille, peu patiente avec son mari. Elle semble toujours pleine de rancœur. Toute sa vie est tournée vers son fils Alexandru et toute son histoire se concentre sur sa rivalité avec sa belle-fille Marie, une jeune française à qui elle reproche (ironie du destin) d’être trop différente.
C’est un roman sur la difficulté de l’exil et le choc des cultures, mais qui rate un peu son but… Le style en est d’une platitude totale et le reste est à l’avenant : des situations très convenues et des personnages sans âme. Ce n’est que lorsque les deux vies d’Elena s’articulent, au moment de l’émigration, que l’on comprend la blessure cachée d’Helen. Un premier départ pour Israël est vécu comme une libération. Mais Israël est un pays en guerre et la mort y plane constamment. Elena a peur pour son fils, pour sa famille. Un autre départ se prépare, pour l’Amérique cette fois. Mais de cette lutte pour une vie meilleure, Helen ne sortira pas indemne. « Je suis fatiguée » dit-elle sans cesse. Et là, enfin, elle parvient à nous émouvoir.
Pourtant tout le monde semble avoir aimé : Cuné - Solenn - Essel - Jules - Bookomaton - Leiloona - Flora
...sauf Anna Blume et Keisha dont l'avis se rapproche du mien.
Gallimard, 2008. – 374 p.