Ceci n'est pas un roman - Jennifer Johnston

- Spéciale Saint-Patrick -
J'ai déjà lu trois romans de Jennifer Johnston et le dernier m'avait un peu déçue. J'avais eu l'impression qu'elle commençait à se répéter. C'est pourtant cette auteure irlandaise que j'ai en envie de mettre à l'honneur en ce jour de fête nationale de l'Irlande. Et bien m'en a pris...

Ceci n'est pas un roman, dont le titre détourne le nom d'un tableau de Magritte, est tour à tour journal, récit d'enfance et enquête familiale. Cette négation évoque une sorte de mantra que se répéte Imogen: "Johnny n'est pas mort, Johnny n'est pas mort, Johnny n'est pas mort". Et c'est pour expliquer les raisons de son départ qu'elle plonge dans les secrets familiaux. Ce roman, car c'en est bien un, est construit comme une cantate à plusieurs voix où l'histoire de l'arrière-grand mère répond à celle d'Imogen, à soixante ans de distance. Dans une construction faite d'allers et retours entre présent et passé, se dévoile peu à peu l'histoire d'une famille bourgeoise qui s'accroche névrotiquement à une rassurante normalité, en dissimulant ses secrets sous le tapis, dont ils finiront pas sortir pour détruire la famille, cette famille sur laquelle plane une menace de folie que personne ne veut voir.
J'ai beaucoup, beaucoup aimé ce roman qui me réconcilie définitivement avec Jennifer Johnston et sa plume toute en sensibilité. Même si elle continue de s'intéresser aux êtres un peu cassés et aux secrets de famille, ce roman-ci est complètement différent de ce que j'ai lu d'elle jusqu'à présent et d'une construction subtile parfaitement maîtrisée.
Cathulu a aimé, Clarabel et Solenn aussi.
Traduit de l'anglais (Irlande) par Anne Damour.
10/18, 2007. - 196 p.