Aucun dieu en vue - Altaf Tyrewala
« Avant, j’étais poète et je pouvais ressasser de subtiles métaphores des jours durant.
A présent, je passe mes journées à cuisiner pour Urbaid et Minaz, à dépenser les milliers de roupies que leur père gagne tous les mois, et à contempler l’écran de télévision, l’esprit ailleurs.
C’est tout ce que j’ai à dire.
Le ronronnement de la climatisation et de la télé, allumée vingt-quatre heures sur vingt-quatre, m’a réduite au silence. »
La femme qui parle, Mme Khwaja, est la première des quarante-sept narrateurs qui se succèdent dans ce curieux premier roman, et dont le seul point commun est de vivre à Bombay (ou Mumbai). Quarante-sept éclats de vie qui dessinent le portrait d’une Inde qui en entrant dans la modernité à tourné le dos à Dieu et à la spiritualité. L’auteur manipule ses personnages avec un humour caustique, comme des marionnettes ballottées par des forces qui les dépassent : richesse ou pauvreté, mondialisation et consommation, racisme, mensonge et corruption. Chacun d’eux, du mendiant au riche homme d’affaires, de l’avorteur au tueur de poulets, de la mère de famille à la jeune épouse, soufre du même mal : « l’angoisse de sa propre insignifiance ».
Merci à Chiffonnette de me l'avoir conseillé !
Traduit de l’anglais (Inde) Marc Royer.
Actes Sud, 2007. – 203 p.