This is not a love song - Jean-Philippe Blondel
Je n’étais pas très pressée de lire le dernier Blondel. Trop d’avis divergents, un nouveau style, un héros antipathique… : j’avais peur d’être déçue par un auteur que j’aime. Et puis, la Fée Caro[line] est à nouveau passée par là avec sa baguette magique et m’a proposé de me prêter son exemplaire personnel (dédicacé par l’auteur, en plus !). Et la magie a opéré une fois de plus : dès les premiers paragraphes j’ai complètement plongé dans l’univers de Jean-Philippe Blondel.
Vincent est né dans une petite ville de province et y a mené une adolescence et une jeunesse chaotiques, accumulant avec le même manque d’enthousiasme les petits boulots et les amourettes sans lendemain, au grand dam de ses parents. Puis Vincent est tombé amoureux d’une jeune anglaise, a traversé le Channel et est devenu un riche entrepreneur qui dirige une chaîne de restauration rapide. Dix ans après, Vincent a l’occasion de retourner passer une semaine, seul, chez ses parents. Il n’est pas très enthousiaste mais espère, au moins, revoir ses amis de jeunesse, notamment Etienne avec qui il a partagé un appartement et une amitié très ambiguë pendant près de dix ans.
Dès le début, j’ai beaucoup aimé Vincent. Peut-être parce que j’aime un homme qui a eu un parcours du même genre ; peut-être parce que moi aussi je suis partie un jour de ma province, et que chaque fois que j’y retourne je trouve tout étriqué, vieillot et terne. Donc, je n’ai pas trouvé Vincent antipathique : c’est un homme, tout simplement, avec ses failles et ses doutes. Il est cynique, certes, mais c’est normal : il vit en Angleterre et le modèle anglo-saxon est cynique. Il a laissé ses amis en route, mais est-ce que ce n’est pas notre lot à tous ? On ne peut pas vivre plusieurs vies à la fois. Et revenir sur les pas de sa jeunesse n’est pas forcément une bonne idée…
Mais ce que j’ai aimé par dessus tout c’est la plume très sensible de Jean-Philippe Blondel. Tout est juste dans ce roman : les parents qui ont vieilli, le frère qui a suivi les rails tracés pour lui, les amis qui sont devenus des inconnus, la belle-sœur qui se venge de ne pas avoir d’enfants en racontant une vérité doublement dérangeante… Jean-Philippe Blondel a une connaissance de la nature humaine qui me surprend toujours et chaque fois que je lis, je me dis qu’il y a décidément entre lui et moi une connivence qui va bien au-delà de la littérature.
Merci Caro[line] !
Tamara, InColdBlog et Anne ont beaucoup aimé, Clarabel et Laurence un peu moins, Laure pas du tout.
Robert Laffont, 2007. – 212 p.