Carlitos qui êtes aux cieux – Fernando Vallejo

« Aujourd’hui, la Colombie n’est plus que ruines mendiantes que nous entretenons, nous qui en sommes partis. »
Dans Carlitos qui êtes aux cieux, Fernando Vallejo entreprend de raconter les mésaventures de son frère Carlos, grand utopiste, qui décide un jour de se présenter aux élections municipales de la petite ville de Tamesis. La campagne électorale tourne vite à la foire, avec promesses, menaces, pots-de-vin. Carlos réussit néanmoins à se faire élire en faisant voter « les bonnes sœurs, les putes et les morts ». Le voilà parti pour un mandat de trois ans qui ne sera pas une sinécure. Carlos est une sorte de roi baroque, qui fait ses discours en latin, se déplace sur un brancard porté par quatre beaux garçons et règne sur la ville avec son amant Memo. C’est pourtant un humaniste qui rêve de faire le bonheur de ses concitoyens en leur offrant des écoles et de leur apporter la richesse en construisant une centrale hydroélectrique. Hélas, il est sans cesse en butte aux obstructions de ses opposants, ne parvient pas à obliger ses administrés à payer leurs impôts et doit faire face à la violence et à la pauvreté du pays.
Entrer dans le monde de Fernando Vallejo, c’est mettre le pied dans la quatrième dimension, où l’on est emporté par un vent violent, tantôt brûlant et tantôt glacial. Son style est baroque et truculent, dans son langage cru et fougueux, il déverse en vrac sur son lecteur un tombereau d’émotions, d’images fortes, il déclame tout haut ce que personne n’ose penser tout bas. Au cours de ma lecture, je fus parfois au bord de la nausée… A travers les aventures tragiques et burlesques de Carlos, il nous dévoile une vision cauchemardesque de la Colombie, pays rongé par la violence et la corruption, en voie d’effondrement, gouverné par des politiciens véreux assoiffés de richesses et de pouvoir.
Vous dire si j’ai aimé, je ne sais pas trop, mais ça m’a retournée, c’est sûr !
Traduit de l’espagnol (Colombie) par Jean-Marie Saint-Lu.
Belfond, 2007. — 159 p.