La Société des Jeunes Pianistes - Ketil Björnstad

Publié le par Papillon


bjornstad.jpgOn imagine souvent qu’au cours des années soixante tous les adolescents d’Europe ne rêvaient que de torturer des guitares électriques en jouant la musique des Beatles. Pourtant pour quelques irréductibles l’instrumentde choix était un piano et leurs idoles se nommaient Beethoven, Chopin, Debussy, Ravel ou Schubert.

Son amour de la musique, Aksel Vinding le tient de sa mère, une femme fantasque, étouffée dans un mariage étriqué et mal assorti. Entre la mère et le fils, un lien presque amoureux s’est tissé au cours des longues soirées passées à écouter les concerts de musique classique sur une petite radio de mauvaise qualité. Car les Vinding ne sont pas riches, mais Åse Vinding est prête à tous les sacrifices pour que son fils devienne un virtuose. Mais pour cela, il doit d’abord remporter le concours des Jeunes Talents. Quand sa mère meurt brusquement, Aksel arrête le lycée et consacre toute son énergie à son piano et à la préparation du concours. Mais il n’est pas le seul sur les rangs. Et il découvre que sa jolie voisine Anja dont il est amoureux, se prépare aussi pour le concours…

Ce roman nous introduit dans un univers étrange et mal connu où la pratique de la musique s’apparente à un sport de compétition, combinant technique, endurance et sensibilité, un monde où le moindre faux pas peut-être fatal. Une pression terrible pèse sur les jeunes concertistes : projection des parents sur leurs enfants, désirs de gloire des professeurs, ambition pour chacun de ces jeunes pianistes de devenir le nouveau Claudio Arrau ou le nouveau Rubinstein. Tous ces rêves sont symbolisés par un tableau de Munch, Le Soleil, qui trône dans la grande salle de concert. Mais à ce soleil beaucoup se brûleront… Car une ambiance délétère baigne le roman des ses premières pages, à l’image de cet épervier qui suit Aksel dans les moments les plus douloureux de sa vie.

Et c’est sans doute cette atmosphère pessimiste qui m’a empêchée de plonger complètement dans l’histoire. Beaucoup de personnages gravitent autour d’Aksel, dont certains auraient mérité d’être un peu plus fouillés, comme le père, étrangement transparent, ou la sœur, particulièrement énigmatique, sans parler du professeur de piano, ou de la mère d’Anja dont on se demande quel rôle au juste elles tiennent dans cette histoire. On croit que c’est Aksel le héros de cette histoire, mais il se fait voler son rôle par la jolie Anja.

En bref, ce roman m’a semblé aussi glacial que le pays dans lequel il se déroule…

Les avis plus enthousiastes de Flo et de Chimère.


Traduit du norvégien par Jean-Baptiste Coursaud.
JC Lattès, 2006. – 429 p.

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Y
<br /> Bonjour, je trouve ton avis intéressant et j'ai souhaité le mettre (par un lien) dans l'article que j'ai créé pour ce même livre.<br /> Mais si jamais tu souhaitais que je supprime ce lien, tu n'aurais qu'à me prévenir et ce sera fait !<br /> <br /> Voilà, bonne journée à toi !<br /> <br /> <br />
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P
<br /> Pas de problème : merci à toi !<br /> <br /> <br />
K
C'est un roman qui me tente beaucoup depuis un certain temps (j'ai tendance à toujours aimer ce qui parle de musique) mais à lire ce commentaire... je ne suis plus si certaine!!!  Je vais donc le laisser dans ma liste "non prioritaire" pour quelques temps encore!
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P
Je l'ai trouvé très froid...Je n'ai pas réussi à aimer les personnages.
E
Je suis en train de lire La Société des Jeunes Pianistes. J'en suis à la moitié et je suis déjà conquise. Je connais de ces adolescents égarés dans leurs mondes faits de notes noires sur portées blanches, de touches noires sur des touches blanche, et le les retrouve à chaque page, et ils me touchent. J'aime la musique. J'aime le piano. Ce livre est musical, et les mots s'éclatent et cascadent, sensiblement, comme un concerto pour piano. Montent et descendent d'octaves en octaves, entre les graves de la détresse adolescente, les  chauds médiums des jeunes amours et les aigus des rêves d'avenir. Un roman sur la passion et la musique. Par un fou de musique. Pour des fous de musique.PS : jusqu'ici, je ne peux pas supporter le personnage d'Anja Skoog. Sèche et prétentieuse.
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P
Je l'ai trouvé très froid ce roman. Et les relations avec les parents sont très étranges...
L
J'ai lu ce livre il y a quelques mois et il m'a, à moi aussi, une impression plus que mitigée. Je pense néanmoins qu'il séduira d'abord les musiciens qui s'y reconnaîtront assurément (les longues heures de pratique, la compétition un peu malsaine entre pianistes, les attentes démesurées). Portrait d'une certaine jeunesse à la fois désabusée et exaltée qui vit en marge de la société, le roman m'a interpellée par sa réflexion sur la pertinence du langage musical et sur les choix qu'on doit poser pour devenir interprète mais c'est parce que je m'y suis reconnue en tant que pianiste. Vous pouvez lire ce que j'en ai pensé au http://lucierenaud.blogspot.com/2007/03/la-socit-des-jeunes-pianistes.htmlMais rendons à César ce qui revient à César, Richard Powers avec Le temps où nous chantions a réussi un mariage bien plus heureux des deux genres (musique et littérature)
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P
C'est intéressant d'avoir l'avis d'une musicienne sur ce livre ! D'ailleurs l'auteur est également musicien, je pense que cette histoire est inspirée de son vécu...Entièrement d'accord sur Richard Powers : son livres est une merveille !
T
Je suis toujours étonnée de voir certains parents "forcer" leurs enfants à accomplir avec brio les disciplines dans lesquels ils ont échoué eux-mêmes... Les enfants n'ont-ils pas droit à leurs propres goûts ? Un père pianiste peut avoir un enfant tennisman, non ?
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P
Ce qui est marrant dans cette histoire c'est que le parent qui met le plus la pression sur son enfant est en fait médecin ! Mais les parents se projettent souvent beaucoup dans leurs enfants...
G
Il fait déjà tellement froid en ce moment, inutile d'en rajouter !!!
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P
@Cathulu et Gambadou : je vous conseille de réserver votre jugement et d'aller lire la critique de Flo qui a beaucoup aimé ce livre :-))
C
Economies, merci !
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